vendredi 11 octobre 2024
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Sophie Hellé entre dans la danse de Saint-Guy

Elle travaille dans un laboratoire de recherche médicale en microbiologie à Strasbourg, mais a toujours voulu écrire un roman : avec À quoi tu danses ? (Bastian éditions), Sophie Hellé, 48 ans, a mis en scène Fleur et Eulalie lors de l’épidémie de danse du 16e siècle.

Comment le sujet de la danse de Saint-Guy (ou Saint-Vit) vous est-il venu ?

Sophie Hellé : C’est mon premier livre, j’y pensais comme un petit défi, et je n’avais pas de sujet. Je me baladais à l’Hôpital civil où je travaille, et je voyais ce vieux bâtiment que j’aime beaucoup, en me disant que si un jour j’écrivais, il serait dedans. J’avais aussi le souvenir du livre de Jean Teulé avec la couverture aux deux petits squelettes qui dansent. Les choses se sont mises en place comme ça, j’ai voulu raconter cette histoire-là de manière romancée, en incluant ce bâtiment, mais je me suis complètement plantée ! (rires) Cette vieille pharmacie a été construite 25 ans après l’épidémie de danse, je n’ai pas pu l’intégrer.

On peut facilement se projeter dans le Strasbourg du 16e siècle, quelles ont été vos sources ?

Sophie Hellé : D’abord, j’ai lu le livre de Teulé, mais je n’ai pas aimé, il est racoleur, et celui de John Waller qui a rassemblé des informations thématiques plutôt que chronologiques qui m’ont beaucoup aidée. Je me suis aussi renseignée sur les travaux d’Elisabeth Clementz, une universitaire alsacienne. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre la physionomie de la ville, Sébastien Brant tenait des registres, mais pour la première carte, c’est une trentaine d’années d’après. Elle a été dessinée du haut de la cathédrale à main levée, tout est rond, les proportions sont bizarres… Je voulais que les lecteurs se sentent marcher dans les rues, et il est bien dommage que des bâtiments aient été rasés, comme la Pfalz ou l’Hôtel de la monnaie…

A quoi tu danses ? évoque la danse de Saint-Guy. / ©Dr
Votre roman apporte-t-il une réponse au mystère de la danse de Saint-Guy ?

Sophie Hellé : Non, on ne sait toujours pas ! Le seigle avait été suspecté selon mes premières recherches, mais les historiens penchent plutôt pour une hystérie collective, le ciel qui leur tombe sur la tête, ou ils ont pêché, ce qui mène à la paranoïa. C’est bizarre, alors qu’on ne sait pas si l’eau ou l’air à l’époque étaient bons, les tanneurs déversaient par exemple tout dans la rivière qui s’appelait la Bruche, et les gens consommaient l’eau ou la bière à base d’eau. Ce n’est pas vérifiable, mais c’est vraiment possible, des bactéries devaient se développer, et ça expliquerait pourquoi les gens plus pauvres étaient touchés. Je fais une thèse sur le tard, mais pas sur ce sujet, des scientifiques-historiens devraient s’y pencher !

Livre disponible en librairie et sur commande sur internet. En dédicace à Schiltibook, le 29 et 30 juin à la Halle du Scilt de Schiltigheim.

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