Allez, on va commencer par redéfinir ce qu’est une catharsis. Si l’on revient à la Grèce antique, c’était lorsqu’on trouvait le moyen de changer la gêne, la douleur en plaisir. Plus récemment, Freud en a proposé une réinterprétation qui fait foi en psychologie : on part d’une émotion douloureuse liée à une prise de conscience, pour ensuite chercher la mise à distance de l’événement pour s’en détacher. Bref, avec le Mondial de foot, on est dedans.
Quoi de plus douloureux que ce Mondial de foot au Qatar ? Une aberration écologique avec des stades construits dans le désert, un drame humain avec les morts sur les chantiers qui nous ramènent au temps des pharaons où la grandeur seule comptait. Et ce n’est pas fini, puisque les scandales ont continué depuis le coup d’envoi. Le Qatar, certes pays musulman qu’il faut respecter dans ses traditions, avait annoncé que la consommation d’alcool serait exceptionnellement autorisée, dans un cadre précis. Avant de dire que non.
Le village des fans avait été bien vendu, à 175 dollars la nuit. À ce prix-là, une tente en plastique équipée d’un bête ventilateur, des douches et toilettes à l’extérieur, le tout, en plein cagnard, et sans rien pour s’octroyer un peu de bon temps.
L’amour ? Quel amour ? Que dire de cet autre scandale, particulièrement dégoûtant de par le soutien affiché par la FIFA elle-même : tout capitaine arborant un brassard arc-en-ciel (symbole de la lutte contre les discriminations envers les minorités sexuelles) sera sanctionné d’un carton jaune. Et la Belgique, qui avait édité un maillot floqué d’un discret « love » dans le cou, a été rappelée à l’ordre ! Mais
merde ! Pardon. Mais merde. Je peux entendre que d’autres cultures séculaires existent sur notre planète, mais pas une seule – pas une seule – ne croit pas en l’amour. On croit ce que l’on veut sur cette terre, mais tous les textes sacrés – TOUS – ne parlent au fond que d’une chose : d’amour. On peut détourner, interpréter, mais Dieu est amour.
Alors nous voilà dans notre fameux Qatar-Sis. Cette coupe du monde est si dégueulasse en coulisses qu’on a envie de ne voir que le terrain vert et le football. Ce jeu universel, joué à travers le monde, à tous âges, qu’on aime tant. Un jeu porté en si hautes sphères que le président de la FIFA, Gianni Infantino se prendrait presque pour un Dieu. Un petit Dieu. Tout petit et ridicule, qui a oublié jusqu’à la signification du mot « amour ».
Sébastien Ruffet