Maxi Flash : Maxime, que dire de votre relation avec le cinéma ?
Maxime Marion : Dans ma vie, j’ai très tôt été passionné par le cinéma. J’ai toujours vécu les films à fond. Je n’ai jamais eu de mal à les revoir plusieurs fois. J’en connais même certains par cœur. Et ça ne s’arrête pas au visionnage ! Je me renseigne beaucoup sur l’histoire des titres, sur les réalisateurs, sur les castings, sur les détails cachés, etc. Je suis très curieux de nature.
Quel parcours avez-vous suivi ? Était-il en lien avec votre passion ?
Il l’était, oui. L’année du baccalauréat, j’ai suivi une option cinéma : sans surprise. Après le lycée, je me suis lancé dans des études de communication et d’introduction aux médias à l’IUT de Saint-Dié-des-Vosges. Ensuite, j’ai eu envie d’aller plus loin dans le domaine de l’audiovisuel. J’ai enchaîné avec un master « art et techniques de l’enregistrement » à Marne-la-Vallée. J’y ai fait beaucoup de rencontres et de découvertes. En rentrant en Alsace, je me suis trouvé une nouvelle passion et c’est à ce moment-là que ma carrière a décollé.

Seul, en autodidacte, vous avez eu envie d’explorer la technique de l’animation en stop motion. Qu’est-ce que c’est, et comment vous y êtes-vous pris ?
L’animation stop motion est une technique fascinante. Je l’ai découverte grâce à des films tels que Wallace et Gromit ou même Chicken Run. Elle peut être traduite par l’animation en volume ou pas-à-pas, en français. Cette technique utilise des objets réels, dotés de volumes et immobiles. L’idée est de créer l’illusion d’un mouvement naturel. J’ai exploré les possibilités à ma manière et j’ai décidé de créer un premier film, pour tester.
Vous avez décidé de mettre en scène des LEGO®. Un choix étonnant !
Effectivement. Ces LEGO®, je jouais beaucoup avec quand j’étais enfant. J’ai décidé de les sortir du grenier de mes parents. Deux figurines se sont démarquées, que j’ai appelé Henri et Edmond, et elles sont devenues les personnages principaux du court-métrage. Après quatre mois de travail, le film, intitulé Le nouveau voisin, a vu le jour au printemps 2008. Dans cette première création de sept minutes, Henri recherche son chat disparu et découvre qu’il a un nouveau voisin, le mystérieux Vladimir. Il avait beau être un projet personnel, mais je n’étais pas seul pour sa création : un ami m’a aidé pour certaines parties du film, des comédiens ont prêté leurs voix et un compositeur a créé la musique. Tout était fait avec les moyens du bord. Je n’avais pas de grandes prétentions, mais il m’a ouvert des portes. J’ai pu participer à mes premiers festivals de films au niveau régional, de Colmar à Strasbourg, et même à l’international, jusqu’en Suède. Ce projet m’a permis de me rapprocher du site brickfilms.com, LE lieu de rendez-vous des passionnés de films LEGO®. Ainsi, j’ai pu échanger avec la communauté et m’enrichir. Enfin, il m’a aussi permis de me vendre auprès des recruteurs. C’est un peu grâce à lui que j’ai pu obtenir mon premier emploi dans une agence de communication.

Le deuxième film dédié à Henri et Edmond a encore mieux fonctionné ! Qu’est-ce qui explique ce succès ?
Fort d’une bonne expérience dans l’image et le son, j’ai décidé de monter ma propre société. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de prendre du temps pour moi et de réaliser un deuxième film, Droits d’auteur, d’une durée de 36 minutes. Après avoir téléchargé illégalement une chanson sur internet, Henri et Edmond se font pourchasser par la SACOM, une société de protection des droits d’auteur. Ce second film était bien plus abouti que le premier. J’ai encore plus travaillé sur les moindres détails. Sa diffusion sur internet a été très large. Il a été extrêmement bien référencé. À sa sortie, il a même fait la première page de Dailymotion. Il cumule aujourd’hui plus de 500 000 vues. C’est ce film qui m’a permis d’avoir des opportunités professionnelles en indépendant.
En plus de créer et de réaliser, vous transmettez votre passion. Quel est le public visé ?
J’organise des ateliers pour tous les âges. L’idée, durant ces moments privilégiés, est de réaliser des films ensemble, sur plusieurs jours. Nous écrivons, nous créons les décors, nous tournons, nous animons les personnages avec la technique de stop motion, nous assemblons le tout, etc. L’exigence technique n’est évidemment pas professionnelle, mais elle s’en rapproche. Les jeunes, et les moins jeunes, sont très fiers de ce qu’ils produisent. Récemment, j’ai même travaillé avec des résidents de l’EHPAD Marquaire de Molsheim, en lien avec Élisabeth Velten, chargée de l’animation au sein de la structure. C’est elle qui m’a approché pour réaliser ce projet en stop motion, basé sur les souvenirs de guerre. C’était un défi inédit. J’ai dû adapter cette technologie et ce savoir-faire à un public en difficulté, très peu habitué à utiliser ce type d’outils.

En 2022, vous annonciez commencer à travailler sur un très gros projet d’animation : Mauvaise Graine. Qu’en est-il ?
Mauvaise Graine sera le cinquième film d’animation LEGO® dédié aux aventures d’Henri et Edmond. L’histoire sera centrée sur le petit village de Bricksheim, confronté aux dérives de la mondialisation, qui deviendra le symbole des problématiques environnementales actuelles. Un financement participatif à succès a permis de mettre le projet sur les bons rails. Je peux d’ores et déjà annoncer qu’il sortira en fin d’année.