vendredi 11 octobre 2024
AccueilCHRONIQUESLes balades en couleur d'André MullerUne toupie géante, en verre et contre tout

Une toupie géante, en verre et contre tout

N’hésitez plus les Maxi-Läsers, Yo ! Ce n’est donc pas loin, à peine 26 km de Strossburï, et c’est tellement dépaysant, un havre de paix où il fait bon se balader dans cette bourgade d’un flegme helvète qu’on a baptisé la Petite Suisse d’Alsace. Kösswîller en alsacien = Cosswiller in Frànzèesch, est niché au cœur des prairies, de pâtures, de mamelons verdoyants, avec d’innombrables arbres fruitiers : cerisiers, mirabelliers, quetschiers. Cosswiller est aussi entourée de 1000 hectares de forêt. La forêt de l’Oedenwald dont 60% sont des résineux, sapins, pins sylvestres et 40 % de feuillus, chênes, hêtres, charmes, des érables flamboyants d’un charme fou. Ce village de 800 habitants est dans la lumière pour bien d’autres raisons !

Petit 1 : pour son label 3 étoiles, Villes et villages étoilés. À 23h, tous les lampadaires s’éteignent, il fait nuit noire, sans aucune pollution lumineuse, vous pouvez admirer la voûte céleste et le ballet des étoiles filantes.
Petit 2 : éteindre les lumières de 23h à 5h du matin à Cosswiller, ce n’est pas qu’une question d’énergie, ou de porte-monnaie, mais surtout de pollinisation. Les insectes, pollinisateurs nocturnes éblouis par les réverbères, visitent moins les fleurs. Ce sont les papillons de nuit, les cochers du pollen qui butinent, fleurs, arbres fruitiers, eux sont nos principaux pollinisateurs nocturnes.
Petit 3 : Sur les hauteurs de Cosswiller un peu isolé, à l’abri des regards, demeure un génie, un inventeur, un scientifique, Eric Wasser. Avec sa famille, il vit en pleine campagne avec les poules, lapins, canards, vaches, et un cheval de labour. Éric est un ébéniste-designer de métier, il a étudié les cadrans solaires de toutes les civilisations, après une 10’zaine d’années de recherches et de mises au point. Un beau jour ce professeur Tournesol a une idée lumineuse, mettre un cadran solaire dans un volume. Éric invente en se laissant guider par ses idées titanesques, une maison en forme de toupie inclinée, l’œuvre de sa vie, son Héliodome. En 2003, il obtient le premier prix du Concours Lépine qui récompense son invention. À seulement 25 ans, il est Meilleur Ouvrier de France en ébénisterie.

André Muller a rencontré Éric Wasser à Cosswiller. / ©dr

MON RENDEZ-VOUS AVEC LE PROFESSEUR TOURNESOL

Un peu de sport me fera le plus grand bien, j’ai quitté ma capitale strasbourgeoise à bicyclette, mon vélo de fonction vert laitue, en passant par de belles pistes cyclables. Il fait bon pédaler à travers la nature, une si belle journée lumineuse, ça me fait le plus grand bien dans mon dedans de moi. Les parfums enivrants de la saison de l’été, évoquent des pensées, me replongent dans les doux parfums de vacances, de lavande, de romarin. Quelle belle promenade le long du canal de la Bruche, vers Soultz-les-Bains, direction Marlenheim, je traverse un tunnel d’arbres aux odeurs de tilleul, au lointain je découvre le panneau de Cosswiller. Je grimpe une belle côte, fais brailler mon dérailleur, j’ai la socquette légère, on dit ça dans le jargon cycliste, dans la côte, c’est plus dur. Là-haut m’attend Éric avec sa chevelure hirsute laiteuse, comme un coton tige.

– Ya was ich ! André, tu peines avec ton vieux biclou.
– Salut Éric, très heureux de te revoir, je suis un peu exxxtééénuééé ! Attends, je reprends mon souffle ! J’ai 32 km au compteur, mais très content de me déplacer avec mon vélo, jusque chez toi.
– Viens, André, j’ai un rafraî-chissement pour toi, une menthe à l’eau au pied de ma maison solaire, adosse ton vélo contre mon atelier de menuiserie, Yo ! pas besoin de cadenasser, mes oies sont attentives !
Je découvre cette grande verrière posée, à même le sol, elle me fait penser à une grande toile d’araignée, vitrée avec une ossature bois. C’est impressionnant, les questions fusent et s’entremêlent !
– Éric, c’est toi l’architecte de cette toupie solaire ?
– Nààn, mon architecte c’est le soleil !
– Wass ! Tu es vraiment modeste Eric ?
– C’est un concept vieux comme le monde, conçu à partir des trajectoires du soleil, je me suis inspiré des cadrans solaires. Je me souviens quand j’étais étudiant, j’ai demandé à mon prof ! Eh, m’sieur, il est où le soleil aujourd’hui dans l’architecture ? Il était dans toutes les cathédrales, toutes les pyramides, on a orienté les villes dans la Grèce antique, vers le soleil.
– C’est une maison du futur, Éric ?
L’idéal pour la planète, pour le porte-monnaie ?
– Évidemment André, mon projet était soutenu par un homme politique, un humaniste rhénan, ancien ministre, député, maire, Adrien Zeller voulait construire une ville futuriste entre les deux rives du Rhin, tout était prêt, les plans, le financement… Malheureusement Adrien Zeller est parti rejoindre les étoiles, le projet est tombé dans le Rhin.
– Maintenant, Éric, as-tu des projets en 2024 ?
– J’ai construit une dizaine d’Héliodomes à travers l’Hexagone, en Suisse, j’ai un beau projet dans les Alpes dans une station de ski, construire plusieurs gîtes en haut des pistes.
– Tu es un homme heureux Éric ?
– Regarde autour de toi André, je vis avec le soleil, dans ma maison solaire, au milieu de la nature avec ma famille, mes animaux, je souhaite à tous vos lecteurs, les Maxi-Läsers, le même BONHEUR.
– Bien Éric, merci pour ce bel accueil, ne change rien, reste comme tu es ! Tu es une belle personne. À la revoyure, cher professeur Tournesol !
On se retrouve dès le mois de septembre à la rentrée, avec grand plaisir. Belles vacances à vous chers Maxi-Läsers, à bientôt pour de nouvelles aventures croustillantes, dans un petit recoin de notre paradis alsacien.

La maxi-Trotteur… Bis Bald.
André Muller

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