C’était en 2030, dans les faubourgs d’Obernay-City, il y a 50 ans. Les usines de plaquettes énergisées alimentaires produisaient la nutritivité d’espérance 120 (120 ans, au-delà, il fallait décrocher) pour la zone 113, un carré de 50 x 50 km. C’était notre zone, 113, la plus productive de l’hémisphère.
À 3 km à vol de drome H (H pour humain) on pouvait visiter la sympathique réserve de Strasbour-Ville-Âgée, calquée sur le village d’Astérix-Historix. L’ellipse insulaire était inscrite au patrimoine mondial de l’Unité de Nettoyage Ethnologique et de Sauvegarde des Catégories Oubliées, l’UNESCO, tout comme Les Bécasses de Notre-Dame-des-Landes, L’Arbre Unique d’Amazonie ou Le Glaçon Préservé du Groenland. Dans ces zones à potentiel nostalgique, on soignait les crises d’amertume par des séances de « retour aux madeleines », appellation touristique de ces cures thérapeutiques sédatives et antalgiques prescrites par l’Échelon de Protection, la Sécurité Sociale.
Depuis Obernay-City on réservait à Strasbour-Ville-Âgée pour les jours paires, banquet alsacien avec tartiflette, raclette et champagne frappé ; ou pour les jours impairs menu grantest avec carottes biologiques, riz complet et hamster grillé. Ce programme attirait des milliers de touristus-mondius qui logeaient dans les hôtelus-dormitorus d’Obernay-City, assurant la prospérité de la population locale.
Le Cher-Bourg-d’Obernay-City proposait aussi des excursions dans ses usines robotisées. Et l’Office du tourisme offrait d’insolites et obsolètes cadeaux, des boules de neige, des parapluies et des crucifix, qui amusaient beaucoup les visiteurs depuis que le réchauffement climatique avait éradiqué les hivers, les nuages et les religions.
Maintenant que les pays n’existaient plus et que la Boule-Terre était divisée en carrés, Obernay-City était devenu une destination aussi populaire que Planète-Mars.
Ambroise Perrin