jeudi 25 avril 2024
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Pierre Lammert – Aux racines de de l’Interprofession des Fruits et Légumes d’Alsace

Ses parents possédaient déjà l’exploitation agricole plutôt spécialisée dans les céréales, mais déjà avec une connotation légumes, qu’il a reprise avec son frère en 1970, à Ensisheim, entre Mulhouse et Colmar. Puis il a rapidement pris son premier poste de président chez les Jeunes agriculteurs du Haut-Rhin avant toute une série de présidences, la dernière en date à l’association IRFEL France (Innovation et recherche en fruits et légumes) qu’il a créée en 2020. Une culture familiale élargie au champ des possibles : Pierre Lammert défend et développe sa profession avec passion.

Maxi Flash : À 24 ans, en 1972, alors que vous êtes jeune exploitant, vous prenez votre premier poste de président chez les Jeunes Agriculteurs (JA), qu’est-ce qui vous animait à l’époque ?
Pierre Lammert : J’ai toujours été engagé dans les JA et au moment du changement de président, je me suis présenté. J’étais même au conseil au niveau national… J’ai toujours eu une volonté de m’investir au niveau de l’agriculture, pour les autres, pour défendre le métier. Je pense avoir réussi et par la suite, je me suis tourné pour reprendre une station de recherche et d’expérimentation qui avait disparu en Alsace.

C’est Planète légumes, qui a démarré en 1998. Mais votre CV est bien plus étoffé que cela !
Oui, je suis membre de la Chambre d’agriculture depuis 1977 et j’y suis toujours, en 1989 à la Chambre régionale, j’ai été membre du CESA (CESER aujourd’hui : Conseil économique, social et environnemental régional, NDLR), président du Centre de gestion agréé CGA 68 qui contrôle la comptabilité de 2000 adhérents, et bien sûr président de l’IFLA, l’Interprofession des Fruits et Légumes d’Alsace en 2003. Avec Fabien Digel, l’actuel directeur, on a aussi créé l’univers des fruits et légumes du Grand Est il y a six ans pour avoir un interlocuteur unique avec la Région, j’en ai pris la présidence les trois premières années.

Comment a démarré Planète légumes, qui a maintenant un regroupement au niveau national avec l’IRFEL et ses 15 stations d’expérimentation françaises ?
C’était au départ une toute petite station avec deux techniciens, dont Fabien Digel. Aujourd’hui, on a à peu près quinze techniciens et ingénieurs. L’objectif était de développer les cultures et d’accompagner les producteurs d’Alsace. Ils disaient être bien conseillés et avoir tous les arguments pour bien produire, mais ils rencontraient des problèmes au niveau de la commercialisation, c’est comme ça qu’on a créé l’Interprofession. La demande émanait de la Région, avec Adrien Zeller qui souhaitait qu’on soit mieux structuré au niveau des filières, parce que de l’asperge à la pomme et de la salade à la fraise, ça fait beaucoup de produits !

Pierre Lammert avec les officiels lors de l’inauguration du Grand show des fruits et légumes à Illkirch en septembre.

L’IFLA est donc une structure qui réunit tous les acteurs des fruits et légumes depuis 18 ans et qui est unique en France…
Effectivement, elle est unique en France, bien qu’il existe une interprofession nationale reconnue par le gouvernement. Pour des raisons historiques, la production alsacienne n’est pas grande, on essaie donc de la développer pour les consommateurs d’Alsace, contrairement à la Bretagne qui produit beaucoup pour exporter. L’Interprofession, c’est avant tout une association de mise en relation, car il y a trois collèges : les producteurs ; les transformateurs, coopératives et restaurants d’entreprises et enfin les distributeurs. Son rôle est de faire la promotion des fruits et légumes d’Alsace, mais surtout de faire le lien entre les professionnels, et essayer de gérer des crises quand il y en a. Par exemple, une surproduction à cause de la météo : on essaie alors rapidement de mettre les produits en avant en magasin.

L’Alsace est une des seules régions où les surfaces de production sont en augmentation…
Oui, on a pu développer la surface de production et le nombre de producteurs en Alsace, par rapport au reste de la France où il y a une diminution de 30 à 50%. Actuellement, le gouvernement essaie de revenir sur de la production française et c’est vrai qu’elle a perdu pas mal sur l’Italie ou l’Espagne, qui ont des coûts de production inférieurs. C’est un bilan positif en Alsace, mais rien n’est jamais gagné. Les surfaces en fruits et légumes représentent entre 3 et 5%, alors que c’est 70 à 80% au niveau des emplois, parce que le maraîchage demande beaucoup de main-d’œuvre et elle est surtout saisonnière.

Mais de nouveaux producteurs se lancent-ils ?
On est à la recherche de nouveaux producteurs, de reprise d’exploitations, c’est un métier un peu contraignant. Mais dès qu’on peut mécaniser, ça peut se développer comme avec les légumineuses, lentilles, pois chiches, haricots secs. Un groupe de six nouveaux producteurs font 50 hectares de production de légumineuses à Blotzheim par exemple. On est en train de développer une production d’ail plein champs aussi, car un transformateur cherche de l’ail alsacien pour le déshydrater. Et les Alsaciens sont plutôt chauvins, ils consomment alsacien !

Quelle est la part de l’agriculture bio en Alsace ?
Aussi bien Planète légumes que l’Interprofession ont une section bio, et un logo vert. C’est aussi unique en France d’avoir le lien entre la production régulière et le bio… Entre 8 et 9% des producteurs sont en bio, un chiffre élevé, mais qui stagne. Les producteurs se plaignent au niveau de la vente parce que le consommateur n’a pas le pouvoir d’achat : quand il rentre dans le magasin, il pense bio, mais en sortant il pense porte-monnaie.

Vous avez profité de la fin de saison estivale pour exposer à Illkirch lors du Grand show fin septembre, l’événement a-t-il porté ses fruits ?
C’était un grand investissement pour une telle manifestation sur 4 Ha en plein air, malheureusement on n’a pas eu le temps idéal, avec la pluie… On a fait le plein avec les écoles, 2500 élèves et le samedi-dimanche, on a eu 20 000 visiteurs sur les 50 000 attendus. L’objectif était une communication grand public, car l’Eurométropole et Strasbourg sont des consommateurs importants, donc il fallait leur montrer ce qui se fait en Alsace. Avec 100 T de courges et de coloquintes, et 20 T de fruits et légumes—données à la banque alimentaire et aux Restos du cœurs—c’était effectivement un jardin extraordinaire.

Le chiffre : 5 000

5000 Ha sont cultivés en fruits et légumes par 700 exploitants en Alsace, soit 4000 emplois directs pour un chiffre d’affaires de 100 M€ annuel. « À peu près 85% de producteurs adhèrent à l’IFLA, et quasiment toutes les enseignes de distribution vendent notre marque. Pour les coopératives, seules les associations adhèrent. Si on prend l’exemple de l’asperge, l’association représente une centaine de producteurs, 80 pour les fraises, etc., donc on a à peu près 600 producteurs adhérents », précise le président.

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