Chez moi derrière la lune, hender’m Mond d’Heim, on voit du romantisme partout… même là où ça semble improbable. C’est ce qui m’est arrivé l’autre soir, passant devant un Scheld (panneau) de la CeA annonçant, en alsacien, la création d’un giratoire, initiative pro dialecte par ailleurs très louable. J’y ai appris que dans notre belle langue régionale, on ne dit pas simplement «rond-point (avec l’accent !)», mais Starneplàtz, ce qui donne en traduction littérale très imagée : «place en étoile», mais que l’on peut aussi interpréter comme «place des étoiles». Et là… la Traimeréj (rêverie) peut commencer.
J’ai arrêté ma voiture, profitant du passage à l’heure d’hiver et donc de la stockfenschteri Nààcht (nuit noire) en rase campagne dès le début de soirée, pour regarder le ciel. Le panneau n’avait pas menti. Par chance la nuit était Starnèhall (étoilée, que c’est poétique), ken einzicher Wullickè àm Hemmel hankè (pas un seul nuage accroché au ciel), ken Nawel (pas de brouillard), mais l’univers en cadeau au-dessus de ma tête. Je me suis sentie mislich (petite comme une souris) face à l’immensité du cosmos.
Em Dunklè (dans l’obscurité), pas même éclairée par une Totèlecht (lumière de mort), je me suis mise à la recherche du Morjèstarn (de l’étoile du Berger) et ouaouh j’ai eu la chance de voir une Fletzèstarne (étoile filante). Après avoir fait le traditionnel Wunsch (vœu) dans ma tête, la petite mélodie de Fly me to the moon de Frank Sinatra est venu envahir mon esprit, bien sûr dans une version alsacienne qui sonne très bien : Flej mich uff dè Mond (emmène-moi sur la lune), loss mich spielè met dè Starnè (laisse-moi jouer parmi les étoiles), loss mich sahn wie s’Frejjohr üssseht (laisse-moi voir à quoi ressemble le printemps), uff Jupiter ùn Mars (sur Jupiter et Mars).