dimanche 29 septembre 2024

Incroyable Cène en 3D

Mille fois copiée et détournée, elle a inspiré Andy Warhol, Dan Brown et un tas d’autres artistes de tout poil. Elle a été détournée dans la série South Park et dans plusieurs pubs. Elle a encore été récemment au centre de l’attention… avec la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris ! Des spectateurs se sont offusqués qu’elle ait inspiré la scène qui a permis au monde de contempler l’intégralité de la plastique (bleue, en l’occurrence) de Philippe Katerine. D’aucuns ont rétorqué que pas du tout, pas du tout : ce n’était qu’un clin d’œil au festin de Bacchus. Quoi qu’il en soit, on n’a pas fini de parler de…

La Cène, de Léonard de Vinci

On croit parfois qu’il s’agit d’un tableau qu’on pourrait admirer au Louvre, juste après avoir fait coucou à la Joconde. Mais cette représentation du dernier repas que le Christ a partagé avec ses douze apôtres est en réalité une immense fresque murale de 4,60 sur 8,80 mètres. Peinte à la fin du XVe siècle. Sur un mur du réfectoire… de certains moines milanais !

On raconte d’ailleurs que l’artiste / inventeur / scientifique / ingénieur aurait un peu lambiné dans son travail. Qu’il prétexta, quand le prieur agacé s’en alla lui tirer l’oreille, qu’il ne trouvait pas de modèle à son goût pour représenter Judas ! Qu’il alla même jusqu’à assurer que si le grognon se montrait trop impatient, il s’inspirerait des traits de son visage ! Qui aurait pensé que Leonardo était si taquin ?

©documents remis
Son esprit se baladait-il, il y a presque cent ans, en Alsace ?

On n’a aucune preuve sérieuse que Vinci, invité à vivre en France par le roi François 1er, ait séjourné à Soufflenheim. Pourtant, son fantôme pourrait bien avoir fait un petit tour dans ce ravissant village, spécialisé depuis la nuit des temps dans la poterie ! Non, ce n’était pas pour étudier de plus près quelques moules à kougelhopf ou des terrines à baeckeoffe décorées de grandes fleurs à pétales clairs sur fond beige soutenu ou bleu marine.
Il avait sans doute entendu parler du congrès eucharistique international qui devait se tenir là en 1932. Familier des pratiques religieuses, il savait évidemment qu’une telle réunion avait pour but de réunir des clercs et des laïcs autour du pain et du vin évoquant l’ultime repas de Jésus. L’association d’idées avec la fresque qu’il avait réalisée au couvent Santa Maria Delle Grazie s’imposait donc… tout naturellement ! La souffla-t-il alors à Monsieur Léon Elchinger, touché par la proximité de leurs prénoms ? En tout cas, ce dernier imagina une version en céramique de la scène.

« Cette représentation du dernier repas que le Christ a partagé avec ses douze apôtres est en réalité une immense fresque murale de 4,60
sur 8,80 mètres »

©documents remis
Une œuvre grandeur nature !

Comme il voyait les choses en grand, Léon entraîna son fils Fernand et leur ami Charles Burger dans l’aventure : il s’agissait de représenter la chose… en taille réelle !
Leur œuvre me donne la chair de poule à chaque fois que je la vois. Allez-y, vous aussi, elle vaut le détour. Grimpez sur l’Oelberg (le mont des Oliviers), au cœur du village, à côté de l’église. L’escalier est un peu raide pour les genoux susceptibles, mais le jeu en vaut la chandelle. Car sur cet ancien cimetière fortifié se trouve la chapelle vitrée abritant cette (s)cène extraordinaire. Chrétien, pas chrétien, croyant, agnostique, athée, fin connaisseur des arts ou béotien, peu importe : on reste estomaqué en la découvrant.

En prime, vous pourrez rentrer chez vous avec un joli moule à kougelhopf, une terrine à baeckeoffe, ou une pièce moins classique… du bel artisanat soufflenheimois.

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