jeudi 21 novembre 2024
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Fabrice Urban – Grandir au cœur de l’industrie

Sous sa casquette de PDG de l’entreprise familiale Quiri à Duttlenheim, Fabrice Urban dirige 140 salariés qui fabriquent et commercialisent des vérins, des échangeurs thermiques et des équipements hydrauliques, et sous celle de président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie d’Alsace (UIMM), il développe l’attractivité de cette multitude d’emplois. À 57 ans, l’ingénieur de formation dit qu’il est présent depuis longtemps parce qu’il continue à prendre du plaisir : c’est le message qu’il relaie aux futurs collaborateurs du secteur industriel alsacien.

L’histoire de la société Quiri commence en 1876 avec la fabrication de matériel pour les brasseries, quand l’avez-vous rejointe ?

Je suis un Alsacien pur jus qui a été expatrié et est rentré chez lui en 1995, par opportunité, car il y avait une société familiale à reprendre et le challenge m’a plu. Je suis parti de Strasbourg pour mes études un long moment, aux États-Unis, en Argentine, à Paris… Quiri—du nom d’un des premiers dirigeants de la société, Jean Quiri—a une longue histoire et a fait plein de choses différentes. Elle est connue localement pour ses installations frigorifiques, mais cette partie a été vendue dans les années 1990. Aujourd’hui, nous sommes concepteurs et fabricants d’échangeurs de chaleur et de vérins hydrauliques. Nos clients sont de grosses sociétés industrielles, par exemple Framatome, Peugeot, la SNCF, General Electric, à qui on vend des équipements pour leurs usines.

Combien de salariés emploient Quiri à Duttlenheim et ses filiales à travers le monde ?

Le siège en France emploie 140 personnes, la filiale créée en Turquie en 2007 environ 200 personnes, en Allemagne, 70 personnes, et en Chine quatre personnes, car ce n’est pas un site de production. C’est une stratégie à l’inverse des flux, on conçoit et fabrique en France et après, on vend en Chine ou en Inde. Rester local, c’est dans notre ADN, on est en France et content de l’être. Cette année, nous allons étendre de 20% notre site de production qui est actuellement de 10 000 m², parce qu’on a besoin de plus de place, de machines et de gens.

L’atelier de chaudronnerie de Quiri à Duttlenheim. / ©Dr
Votre autre casquette, c’est l’Union des industries et métiers de la métallurgie dont vous êtes le président depuis 2023. Qui représentez-vous ?

L’UIMM, c’est une branche de l’industrie mécanique et électrique, qui est la plus grosse en termes de nombre d’emplois : 330 membres adhèrent en Alsace, ce qui représente 54000 salariés. J’ai pris le poste de président, qui est non rémunéré et tournant, avec pour objectif de l’UIMM d’être actif dans la formation et aussi présent dans le conseil d’entreprise, le droit du travail, droit social, RSE, environnemental.

La formation est un vaste sujet, et l’UIMM gère notamment quatre centres d’apprentissage en Alsace…

On gère les centres d’apprentissage de l’industrie au niveau local, à Reichshoffen, Eckbolsheim, Colmar et Mulhouse avec plus d’un millier d’apprentis. On couvre tout le territoire parce que le réservoir d’entreprises est tout autour et pour que tous les jeunes aient un centre près de chez eux. Cette voie de formation est extrêmement intéressante, avec beaucoup de débouchés, des postes qualifiés et bien payés, une excellente filière d’intégration dans le monde du travail. L’Alsace est une région d’une grande densité d’industries du nord au sud avec un gros potentiel d’embauche et un territoire attractif pour les investissements étrangers. C’est un secteur en croissance.

Une centrale hydraulique synchronisée contrôlée par un automate programmable. / ©Dr
Mais l’industrie a-t-elle du mal à recruter ?

En ce moment les métiers de spécialité industrielle sont difficiles à trouver et c’est pour ça que ce sont des bons choix d’orientation, parce que concrètement les besoins sont supérieurs à l’offre. C’est très varié, il y a à la fois des métiers de production—usineur, soudeur, chaudronnier—, mais aussi des techniciens, des programmeurs, de l’informatique industrielle, du développement commercial… La palette de métiers est presque infinie ! Aujourd’hui, le challenge pour l’industrie c’est qu’on doit se battre pour être plus attractifs, pour les jeunes, mais pas seulement. Ce ne sont plus les temps modernes de Chaplin, ce sont des entreprises avec des plans de carrière, du travail passionnant, et la possibilité d’évoluer. Par exemple, le gros dossier du moment, c’est la transition climatique ; or on oublie souvent que c’est une affaire industrielle. Pour fabriquer une éolienne ou une voiture électrique, il faut des chaudronniers et des programmeurs ! Ce n’est pas une industrie du passé, l’activité est au cœur de la révolution du futur et pour très longtemps. La transition climatique va durer quarante ans, il y aura besoin de ces métiers. Et dans l’industrie, les gens ont la satisfaction de voir physiquement ce qu’ils produisent.

Au regard de votre parcours, peut-on dire que vous êtes un exemple à suivre ?

Je ne sais pas si je peux être cité en exemple, parce que j’ai repris une société familiale, dont le gros avantage est de s’inscrire dans un temps long, sans être obnubilé par un cours de bourse ou un résultat trimestriel. En tous cas, dans l’industrie, il y a des tas d’exemples de carrières qui commencent dans l’atelier à un poste tout simple et finissent à des postes élevés. C’est un secteur économique où l’ascenseur social existe encore.

 

 

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