Avant le Jacquemart de Benfeld, d’autres avaient déjà été érigés dans des villes et des villages d’Alsace. Fabien Baumann, passionné d’histoire et de patrimoine, s’est longtemps penché sur l’histoire de cette création : « Au début du XVIIe siècle, Benfeld était une place forte en devenir » contextualise Fabien. « Après avoir fortifié la cité, les magistrats dirigeants de la ville de l’époque ont fait le choix d’embellir un bâtiment ancien, l’Hôtel de Ville, érigé en 1531, en lui ajoutant une tourelle d’escaliers. L’objectif était de la doter d’une décoration correspondant à l’esthétique de l’époque, en s’inspirant de ce qui se faisait ailleurs, mais aussi de la faire assez haute pour pouvoir ajouter une horloge », complète-t-il.
Grâce aux livrets de comptes conservés dans les archives de Benfeld, il est possible de savoir quels artisans sont intervenus dessus et que le chantier a été finalisé en 1620 : « Le mécanisme a été réalisé par le fils de l’horloger qui a réalisé celle de la Cathédrale de Strasbourg ».
Une composition logique
Cette horloge est composée de trois cadrans. Celui du haut est dédié à la Lune. Il permet de connaître la phase lunaire actuellement observable. Le grand cadran affiche l’heure de Paris et l’autre, plus petit, indique l’heure solaire à Strasbourg :
« Il y a un décalage d’une trentaine de minutes entre les deux, dû à l’écart de longitude entre les deux villes », explique Fabien. Les trois cadrans sont cernés par trois automates, le Jacquemart, sculptés dans du bois de chêne. Celui de droite est Prudentia et personnifie le Prince-Évêque de Strasbourg, l’archiduc Léopold d’Autriche. Il porte une armure et des armes, dont un marteau, qui sonne tous les quarts d’heure : « C’est lui le véritable Jacquemart », précise Fabien Baumann.
Tout à gauche, c’est la mort, qui symbolise le temps qui passe, avec son sablier. Au centre, dans la lucarne supérieure, c’est Justitia, aussi surnommé Stubenhansel par les locaux : « Il symbolise le prévôt, un édile important qui prenait autrefois les décisions importantes. Dès qu’il s’anime, il lève le bâton prévôtal autant de fois qu’il y a d’heures et ouvre la bouche, comme s’il parlait ». Ce système, qui est très rare dans la région de nos jours, est souvent révisé. Si quelques décalages peuvent survenir, c’est un spectacle qui reste intéressant à observer.
L’info en plus
Il existe d’autres Jacquemarts en Alsace, dont un sur la Metzig de Molsheim et un autre à l’intérieur de la cathédrale de Strasbourg.
