Jean-Pierre Raynaud questionne l’interdit
Reconnu pour ses pots de fleurs, sa maison en céramique blanche et ses panneaux sens interdit, Jean-Pierre Raynaud débarque à St-Art avec l’œuvre monumentale Sans titre-Ukraine. Elle sera exposée à l’entrée du Parc des Expositions, et permettra d’ouvrir le débat le 25 novembre à partir de 15h30.
C’est en réponse à l’appel du président ukrainien Zelensky aux artistes du monde entier pour soutenir son pays que Baudouin Jannink, éditeur d’art à Paris, a sollicité à Jean-Pierre Raynaud. Le 24 février dernier, soit un an après le début des hostilités contre la Russie, l’œuvre Sans titre-Ukraine a été révélée, aux mêmes dimensions et placée face à Guernica de Picasso dans la cour de la Sorbonne. À l’occasion de la Foire d’art contemporain de Strasbourg, Robert Becker, le collaborateur de Jannink en Alsace, a voulu « accueillir ce projet à la fois artistique et politique dans cette ville européenne ».
Présent à la Sorbonne, il raconte son dévoilement : « Il y avait de l’émotion et de la surprise. Jean-Pierre Raynaud a pris la parole, c’est un artiste à part, très secret, qui n’a pas fait de grande école, il se destinait à être jardinier ». Un livre, Guernica-Ukraine, édité à 2022 exemplaires, sera présenté à St-Art et, tout en revenant sur Guernica, permettra d’en apprendre plus sur l’impression sur toile : « Ce sont des signes très simples qui interrogent, la question de l’interdit, de la frontière, la passer ou pas… Et les barres sur le bord, c’est à la fois une protection et l’enfermement. Le message est simple, mais ouvert, il laisse le spectateur inventer ce qu’il y a autour de la toile », résume Robert Becker.
Soutien à l’Ukraine
Jean-Pierre Raynaud aura l’occasion d’en dire plus lors d’un échange avec Baudouin Jannink dans l’espace-conférence de la Saams, samedi 25 novembre à 16h, par visioconférence. Le clip Marioupol, réalisé par Sophie Rosenzweig et mis en musique par Catherine Bolzinger, sera diffusé en introduction et en avant-première. Le président du Rotary club de Kiev sera également en direct « pour ancrer l’actualité dans le soutien à l’Ukraine ». Et pour commencer, Robert Becker animera une « performance dansée et chantée où Baudouin lira des aphorismes de Raynaud » à 15h30 dans le hall d’entrée. « Le silence des œuvres me convient, d’être muettes les sauve », écrit l’artiste.
Andrea Christl et la nature profonde
Elle est allemande, de Fribourg-en-Brisgau, a 53 ans et parle très bien le français depuis qu’elle passe du temps en Alsace pour prendre des photos dans les Vosges du nord. Son travail a été remarqué en 2022 par Ryo Tomo à Strasbourg Art Photography : elle est de retour à St-Art avec des diptyques monochromes pour l’exposition De la nature et de quelques traces humaines.
Maxi Flash : Vous avez commencé votre carrière de photographe avec le journalisme avant la photo d’art. Racontez-nous…
Andrea Christl : À 16 ans, j’ai eu une très bonne professeur au lycée qui a organisé un voyage à Paris, j’y ai fait un reportage avec un petit appareil comme on avait à l’époque. C’est comme ça que ça a commencé, je savais que je suivrais ce chemin. J’ai fait mes études de photographie à l’école de la Lette-Verein-Berlin et le photojournalisme m’intéressait. J’ai par exemple été publiée dans le journal TAZ de Berlin avec un reportage au Guatemala, Femmes de la rue. Par la suite, j’ai été malade et j’ai eu un creux dans ma carrière jusqu’à me focaliser sur la photo d’art.
Maxi Flash : Vous travaillez beaucoup dans et avec la nature. Qu’y trouvez-vous ?
Andrea Christl : Pour moi, aller dans la nature, c’est comme une méditation, être présent dans le moment, observer la lumière, oublier toutes les choses qu’on a en tête. La conscience de nous change et on peut observer la magie de la vie, c’est cette magie que je veux présenter dans mes photos. Dans la nature, nous sommes plus connectés avec le silence et avec notre profondeur, c’est comme un miroir, on entre en connexion avec notre âme. Le message dans mes photos, c’est que la nature peut nous aider à être en contact avec nos sentiments intérieurs et à retrouver la paix, c’est très important dans le monde d’aujourd’hui.
Maxi Flash : C’est la deuxième fois que vous exposez à St-Art, que montre l’œuvre Transformation ?
Andrea Christl : Toutes mes photos sont des diptyques, une combinaison de deux photos, je mélange abstrait et nature. Je ne travaille pas avec Photoshop, j’aime la photographie pure. J’utilise le monochrome parce qu’on entre en profondeur dans l’objet : si on sait bien jouer avec la lumière, le contraste plaît beaucoup. C’est dans la profondeur du noir que sort la lumière, comme sur le chemin des êtres humains.