dimanche 28 avril 2024
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Michel Herr, à la tête d’un gros village ou d’une petite ville

Depuis mars 2020, le Rosheimois pur souche a entamé son troisième mandat à la mairie. Il n’est lié à aucun parti politique et, en parallèle, il est aussi président de la Communauté de Communes et du Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du Piémont des Vosges. Rencontre avec un homme très occupé.

MF : La municipalité pour vous, c’est une histoire de famille !

Michel Herr :Tout à fait, mon père a été adjoint pendant trente ans et je l’ai remplacé en tant que conseiller quand il a pris sa retraite d’élu. Il m’a transmis ce goût de l’engagement, c’est un état d’esprit, alors ça s’est fait tout naturellement. Je suis particulièrement attaché à ma ville, je suis né ici, j’ai grandi ici et je ne suis jamais parti parce que je n’en avais pas envie, je n’ai même jamais vraiment voyagé, j’aurais pu, mais je suis trop bien à Rosheim, je n’ai jamais eu besoin de voir si l’herbe est plus verte ailleurs. En parallèle de mon implication à la mairie, j’étais aussi sapeur-pompier volontaire à la caserne de Rosheim et très investi dans la vie associative et sportive puisque j’étais président d’une asso qui regroupait plusieurs sports ainsi que la fanfare, avec pas moins de 300 licenciés.

Vous êtes maire depuis 2008. Qu’avez-vous mis en place depuis vos débuts ?

MH : J’ai particulièrement soutenu les associations parce qu’on est une ville très dynamique sur ce plan. La mairie a eu un rôle de facilitateur, on a mis le paquet côté investissements sur les structures sportives puisqu’en 12 ans on a injecté plus de 5 millions pour le sport à Rosheim entre les différentes salles, un city stade, un skatepark et un terrain synthétique. Nous avons aussi amélioré la qualité des réseaux et des infrastructures routières qu’on veut continuer à faire évoluer, les travaux redémarreront l’année prochaine, il y a toujours à faire. Et puis, il y a l’immobilier qui se développe énormément, mais pas qu’à Rosheim, le secteur Piémont des Vosges est très prisé. D’ailleurs la zone est riche, mais il est compliqué pour les jeunes du cru d’acheter. Ceux qui viennent s’installer sont de la première et deuxième couronne de Strasbourg, des cadres, et il y en a encore plus depuis le covid.

Quelles sont justement vos approches pour encourager la jeunesse d’ici à rester ?

MH : C’est notre gros dossier, car nous avons un problème d’accueil périscolaire. On est en saturation. Le mode de garde des enfants en dehors du cycle a changé, les parents travaillent généralement tous les deux et les grands-parents encore jeunes veulent voyager, les mentalités ne sont plus les mêmes. Nous avons donc pour objectif de doubler la capacité d’accueil des petits, mais ça ne se fait pas en cinq minutes, les locaux dédiés au périscolaire doivent évoluer. En plus de cela, nous continuons à enrichir l’attractivité de Rosheim sur le plan environnemental avec 2500 arbres fruitiers plantés il y a trois ans, 9 kilomètres de haie, et à l’automne on va ajouter 35 arbres intra-muros. Nous lançons également l’opération «une mare, une commune» pour les batraciens, on a une friche aménagée pour les primaires juste à côté de l’école pour faire prospérer la biodiversité. En parallèle, par les temps qui courent, on fait attention à l’utilisation des ressources en eau, nos techniques de fleurissement sont à revoir et on y travaille. Enfin nous allons remettre le Rosenmeer – cours d’eau – en avant par un circuit fermé, il faut que cette précieuse ressource traverse la ville, c’est la vie.

À un mois de l’arrivée du Tour de France Femmes à Rosheim l’été dernier, des cyclistes amateurs de Rosheim, dont Michel Herr, ont parcouru les 128 km de l’étape Saint Dié – Rosheim. / ©Dr
À Rosheim vous avez la Maison Romane, plus vieille bâtisse d’Alsace (peut-être même de France), la plus ancienne boulangerie de la famille Rohmer, le plus vieux château fort avec le Purpurkopf et les murs d’enceinte, vous êtes à la tête d’un sacré patrimoine !

MH : En effet, il est très riche, très intéressant et très important, il faut le promouvoir et l’entretenir. Ça représente un coût, mais c’est aussi l’ADN de la commune, alors nous devons en prendre soin. Les rénovations sont financées par la Ville et une partie est prise en charge par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) pour les bâtiments classés. Les travaux ne s’arrêtent jamais vraiment, on a tellement de vestiges à Rosheim, on n’en voit plus la fin !

Qu’est-ce qu’il faut découvrir quand on vient par chez vous ?

MH : Touristiquement la découverte de notre histoire est un incontournable. De plus, toutes les personnes de Rosheim sont accueillantes, sauf l’opposition (rires) ! La qualité de vie ici est intéressante, il y a tout : scolaire, commerces, voie verte, pléthore d’associations, une médiathèque qui participe activement à la vie de la commune. Il y a toujours une nouvelle chose à trouver entre les animations et fêtes tout au long de l’année, même si nos moyens sont plus petits qu’une grande ville. Ici, il fait bon vivre, c’est à la fois un gros village et une petite ville.

Photo historique de la maison romane. / ©Dr

 

Vous auriez pu avoir un tout autre destin, étant donné que votre famille dirige une entreprise de peinture bien installée sur le territoire…

MH : C’est vrai, mais je ne regrette pas du tout, même si la vie serait totalement différente ! Mon frère a pris la relève dans l’entreprise familiale, mais j’y passe quand même tous les jours pour les saluer. S’il y a parfois des choses compliquées à gérer dans une mairie, il en est de même dans les entreprises. Je n’ai aucun regret, il ne faut pas en avoir, on peut toujours faire mieux, mais je ne regarde jamais derrière, toujours devant, j’évolue au fil des mandats et je suis vraiment content d’être maire. Il faut savoir se partager entre les différents mandats, se diluer, ce qui est intéressant dans cette fonction c’est qu’on a une vue d’ensemble sur ce qui se passe sur la commune et qu’on peut axer certaines lignes pour développer le bien vivre ici. On ne peut pas plaire à tout le monde au niveau des décisions et actions, mais on essaie de faire au mieux pour la population.

Avec vos différentes res-ponsabilités, arrivez-vous à trouver du temps pour vous et vos proches ?

MH : J’aimerais faire plus de sport, avant je faisais beaucoup de course à pied et du vélo. J’étais à l’UTMB d’ailleurs ! Enfin… je n’ai pas couru, je les ai accueillis (rires) ! Et puis je participe toujours au marathon de Rosheim, je le fais encore sans entraînement. J’aimerais bien recommencer, je le dis tous les ans, mais c’est le temps qui manque finalement et il faut savoir se poser. Cependant la motivation est bien là ! Et puis j’ai trois filles donc j’ai plutôt intérêt à trouver du temps libre (rires) ! Ma troisième est trisomique, elle demande plus d’attention et de soutien, mais ça se passe super bien. D’ailleurs, pour revenir au sport, mes deux plus grandes ont pris la relève, l’une pratique le basket et l’autre le foot en haut niveau !

Peut-on déjà parler d’un prochain mandat ?

MH : Je ne répondrai pas, mais l’envie est là, j’ai 56 ans, on verra ! Je vais encore travailler un bout de temps avec la nouvelle loi Macron (rires) ! On en rediscutera vers l’automne 2025, pour le moment ce n’est pas une priorité.

La maison romane aujourd’hui. / ©lda
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