Ce roman est une histoire de cœurs, savoureuse, poignante, emportant le lecteur dans le Paris des années 20 au travers d’une aventure narrée avec virtuosité et poésie, malgré l’effroyable réalité de la guerre. La mélodie est grave, le sujet haletant, l’amour omniprésent.
L’histoire nous est contée par un ancien soldat mutilé d’une main, qui se consacre à enquêter sur les soldats disparus, recherchés par leur famille.
Madame Joplain, persuadée que son fils Émile disparu en 1917 est toujours en vie, va faire appel à notre soldat. Cette histoire va le conduire durant dix années à la recherche du fils perdu et de ce qui s’est joué. Il y découvre sa grande histoire d’amour avec Lucie, cette jeune femme alsacienne, leur amour défendu dépassant les frontières, les barrières de la langue et des conventions sociales. Cette passion va franchir les tranchées de l’horreur, permettant à Émile Joplin, le poète, l’homme fou amoureux dans cette guerre folle, de donner de quoi rêver à ses camarades au milieu de l’enfer, afin de continuer à croire au pouvoir des mots.
C’est avec émotion que nous suivons les pas du narrateur, sur les traces de l’histoire du poète amoureux, nous entraînant de témoignages en interviews, multipliant les rencontres, les indices et les péripéties. Cette quête pour retrouver Émile va lui rappeler ses propres fantômes, mais notre héros va se jeter à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir permettant de croire encore un peu en la vie et ses mystères. Un peu comme cette fille de la Lune, parcourant les tranchées et les champs de bataille, présence mystérieuse et céleste au milieu de la mort qui rôde.
Isabelle Arnould