Lucas Bergandi est là dans le ciel, perché à deux mètres du sol sur un fil, rien ne le retient et soudain, c’est la chute. De cette dégringolade est né Angst (angoisse en allemand), un spectacle mis en scène par Clément Dazin qui aborde cette émotion universelle si familière et tant redoutée : la peur. Celle de tomber, de s’écraser misérablement, de se louper, de rater tout simplement.
C’est sans tabou qu’elle va être discutée ce soir-là, car qui mieux de placé pour en parler que celui qui y expose son corps et qui apprend à cohabiter avec elle. Lucas Bergandi la connaît bien, il la fréquente au quotidien, alors il va la questionner et même s’en amuser pendant ses acrobaties.
Même pas mal mais un peu peur
Quand les deux messieurs se sont rencontrés, Clément Dazin, artiste associé de 13e sens avec sa compagnie La Main de l’Homme, a demandé au saltimbanque pourquoi il ne mettait pas de tapis par terre en cas de chute, celui-ci lui avait répondu que s’il s’exerçait avec des protections, il aurait peur le jour où il faudrait les enlever. Alors il s’élance sans et se surprend parfois à être plus concentré sur la dame au T-shirt vert du premier rang. D’autres fois, il analyse en quelques secondes les manières de tomber et de se rattraper sans se blesser. Et il y a certains jours où, raccroché par les responsabilités filiales, la peur le tétanise.
Tous ces ressentis, Lucas Bergandi les partage avec son audience, tout en glissant des données scientifiques collectées sur la peur et sur sa chimie. Il commence toujours par la même figure, un salto arrière. Sa réussite ou son échec décide de la suite du spectacle. La peur n’empêche rien, l’acrobatie se fait, le public applaudit et Lucas n’a qu’une envie : recommencer.
Lucie d’Agosto Dalibot