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mardi 19 mars 2024
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R5 GT Turbo : La petite bombe à retardement

Ce n’était pas la plus fiable, pas la plus sûre, pas la plus rapide, pas la plus belle. Mais ce génie à la Française, cette façon de faire à la Renault, ce côté nonchalant, quelque part élégant, mais qui ne manque pas de panache, ont rendu la R5 absolument mythique. Déjà dans sa forme conventionnelle, celle de papy qui allait faire ses courses au Mammouth ou chez Félix Potin, avec sa jolie couleur marron délavée que l’Europe entière nous enviait. Mais alors quand vous affichiez le petit « GT Turbo » à l’arrière, et qu’en plus elle était rouge…

C’est ce modèle que Kevin – qui a tenu à rester discret – chouchoute amoureusement. Dans son petit village des alentours de Brumath, le garçon de 31 ans est un véritable passionné de… BMW ! Il les achète, les revend, teste leur adhérence sur quelques routes sinueuses… Forcément, on s’interroge : pourquoi la R5 dans ce cas ?! « Je ne sais pas ! (rires) ll y a un feeling entre la voiture et moi. Je sais juste que quand j’étais petit, ma mère en avait une. »

Drôle d’histoire

L’onglet nostalgie de son processeur est d’ailleurs placé dans ses favoris puisque l’histoire n’est pas banale : « Cette voiture, je l’ai achetée il y a dix ans. Elle valait dans les 5-6000€. Je l’ai revendue un peu plus cher, mais elle m’a toujours manqué. Finalement, dix ans après, je la rachète le double de son prix. Le gars avait roulé 1500km en dix ans ! »

Plus incroyable encore, la voiture est entièrement d’origine. À un seul détail près. Les plus avisés auront reconnu sur les photos les jantes de la Clio 16S. « À l’origine, c’est des 13’’, ça ne tient pas la route. Avec des 15’’ et les bons pneus, c’est déjà beaucoup mieux… Tu veux faire un tour ? »

Rien de digital. Des bonnes aiguilles à l’ancienne. Des bons plastiques bien 80’s, des sièges becquet avec une assise qui a étonnamment tenu le choc : on est bien. Je pose mon téléphone devant moi, sur l’espèce de petit vide-poche. « Euh, non, le met pas là, ça ne va pas tenir. » Ah. Premier coup d’accélérateur, tout vole. Ok.

« Une voiture, c’est fait pour rouler »

La R5 laisse partir les chevaux allègrement, mais sans en rajouter. 120 chevaux, ça va, on n’est pas non plus chez Aston Martin. Mais ça pousse. Quand même. Et Kevin de souligner une petite subtilité. « Il y a eu beaucoup d’accidents avec ce modèle parce que… Tu vois l’aiguille de Turbo là ? Quand j’accélère, il ne se déclenche pas instantanément. Il envoie quand t’es entre le R et le B. Donc t’as des mecs qui accéléraient en entrée de virage, sauf que la sauce partait en plein milieu et ça partait droit dans le champ… » Du coup, bien content d’êtrepassager d’un mec qui a l’astuce. Cela dit, depuis 1988, elle commence à être connue.

Notre passionné ne cracherait pas sur quelques chevaux en plus, mais il aime quand même bien « cet effet coup de pied au cul qu’on ne retrouve plus aujourd’hui. Le 1,4L Turbo Garrett, 120cv pour 800 kg, c’est pour l’amener dans les petites courbes ça… (sourires) »

Avec ses 130.000 km au compteur, la petite R5 continue de faire des bornes. « Ce n’est pas une pièce de musée ! Une voiture, c’est fait pour rouler. »

Notre petit tour s’achève, retour au bercail après une dizaine de minutes, et déjà le moteur rappelle qu’il n’est pas fait pour l’endurance. « Tu sens l’odeur d’essence ? On lui a un peu mis et ça commence à sentir… Mais c’est ça qu’on aime avec ces voitures. Après, l’autre problème, c’est que c’est un modèle qui prenait souvent feu. Le radiateur est trop petit, il y a une pompe qui se met en route, mais parfois elle ne s’arrête plus et ça surchauffe. Ils disaient de toujours avoir un extincteur à portée de main. D’ailleurs j’en ai un. »

Kevin a bien conscience que la côte d’un tel véhicule, aujourd’hui, « c’est trop cher pour ce que c’est ». Malgré l’amour qu’il lui porte, si un acheteur en offrait un bon prix, il se résoudrait sans doute à la laisser partir. Avec le sentiment d’avoir eu la chance de vivre une vraie relation d’amour, de celles qui vous laissent des étoiles dans les yeux en y repensant, et qui laissent planer, non pas la tristesse de toute fin, mais plutôt la rêverie d’une belle soirée d’automne.


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