lundi 25 novembre 2024

Le bon cheval

Je me pose une question, m’a dit ma voisine l’autre jour en buvant son café : que penser d’une femme politique qui, après avoir donné des leçons à tout le monde et affirmé en montant sur ses grands chevaux, véhémente même, que le Front National était le seul parti à ne pas voler d’argent dans la caisse, qu’il fallait que les voleurs payent, se retrouve dans le camp des accusés ?

Les faits sont avérés. 4 millions d’euros ont été détournés, ce que le RN ne conteste pas, ou à peine, c’est presque normal, paraît-il. Le Pen a piqué dans la caisse, pas pour sa fortune perso déjà faite depuis longtemps, mais pour financer son parti. C’est plus noble ? La loi de moralisation de la vie politique existe, les réquisitions demandent simplement son application.

Mais, ce qui ennuie Le Pen, c’est l’inéligibilité, pourtant automatique en cas de condamnation. Pour être complètement objectif, a ajouté ma voisine, le débat existe néanmoins sur son application immédiate. Inéligible pendant cinq ans. Que cinq ans ? On pourrait imaginer une loi qui dirait qu’en cas de franchissement de la ligne rouge, les politiques seraient inéligibles à vie, comme un groupe de hooligans interdit de stade, à vie.

Pour s’en sortir, Madame Le Pen joue les victimes, avec des phrases à la Trump, par exemple : « La seule chose qui intéresse le parquet, c’est Marine Le Pen… » Sous-entendu, je suis en position de gagner les présidentielles, la justice m’empêche de me présenter, c’est antidémocratique. Mais elle oublie de dire que de multiples recours ont retardé ce procès, et que ce qui est antidémocratique, c’est le vol. Quant à la justice, indépendante en France, si elle complotait quoi que ce soit comme Le Pen et son parti, elle serait assez stupide pour la  « tuer », comme elle l’affirme ? Car, si le RN perd Marine, il gagne… Jordan, non ?

Qui a le plus de chances d’accéder au pouvoir ? Elle, qui a déjà échoué 2 fois ou lui, fort de son score aux européennes et malgré l’échec des législatives ? Et le timing est parfait, dans un heureux hasard, Bardella a publié chez Vincent Bolloré, Ce que je cherche. Ce qu’il a cherché ? Des millions sous les sabots d’un cheval ? Plutôt une exposition incroyable. Le RN a occupé le terrain comme un pur-sang dans le manège médiatique.

En réalité, Barbella n’a pas publié un livre pour être lu, mais pour faire la promo d’un ouvrage qui se vendra peu (il est à environ 20 000 exemplaires au moment où j’écris ce texte). Jordan s’est sans doute appliqué comme pour une dictée de 6e, mais l’enjeu n’était pas l’écriture, pas les idées. Non. Au moment où Marine Le Pen va peut-être payer le prix de ses mensonges et escroqueries, le but était de passer dans les médias devant des millions de téléspectateurs qui ne feront pas l’effort de le lire. Ça a très bien marché, invité au triple galop partout, c’est lui qui a empoché le quinté +. Et ma voisine de conclure : Parfois, la justice a très bon dos.

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