mercredi 10 décembre 2025
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Esprit de Noël, es-tu là ?

Pour moi, Noël à Paris, c’est comme des paillettes sur une verrue, ça n’en fera pas un grain de beauté. On aura beau dépenser le PNB du Sri Lanka en décoration, a l’avenir de la planète en péril pour éclairer les Champs-Élysées et les magasins du boulevard Haussmann, raser les sapinières pour saupoudrer la ville d’arbres et de pseudos marchés de Noël, rien n’y fait.

Dans une tentative désespérée de retrouver l’ambiance des Noëls « d’au temps », j’ai même tenté Disneyland, mais les défilés grandiloquents de personnages géants aux gestes automatiques parés de mille ampoules sur trois notes de musique plus entêtantes que la pire ritournelle Tik Tok dégagent autant de poésie qu’un menu Mc Do. Autour de Paname, y’a comme un truc qui manque… ou peut-être un truc en trop. Trop d’artifice, trop de consommation, trop de stress, trop de monde trop pressé, trop de gens qui se bousculent sans s’excuser ni se regarder. Ce qui manque ici c’est tout simplement l’esprit de Noël, fait de tendresse, de générosité, de tolérance, de solidarité et d’authenticité, toutes les valeurs qui viennent de l’intérieur et qu’on ne peut pas commander au Père Noël. Et quand, à la sortie du travail, on se rue dans un magasin surpeuplé et surchauffé pour acheter le cadeau incontournable vu à la télé sans lequel le Noël de Junior sera forcément raté, prêt à en découdre avec quiconque se mettrait en travers de notre chemin, la « douce nuit » prend un grand coup de pied dans les boules (de Noël) et la fête se transforme en guerre. En guerre des nerfs tout au moins.

Mais peut-être manque-t-il simplement aux Noëls parisiens un ingrédient indispensable : l’Alsace. Non que l’Alsacien soit un modèle de tendresse et de tolérance, ça se saurait, mais il a le mérite de savoir perpétuer l’authenticité de cette fête. Si aujourd’hui Strasbourg ou Colmar sont reconnues capitales européennes de Noël, ce n’est pas un hasard. Rappelons que c’est en Alsace, à Sélestat, qu’est née la tradition du sapin de Noël, que les premières boules de Noël furent fabriquées dans les Vosges après une pénurie de noix et de pommes qui ornaient traditionnellement ce sapin, que le Père Fouettard est originaire du fief de Wissembourg et que l’Alsace a su perpétuer plus que nulle part ailleurs la tradition de Saint-Nicolas (qui lui au moins n’est pas né sur une bouteille de Coca) et du Christkindel (illustre inconnu pour les Français de l’intérieur). Du coup, nos marchés de Noël, même noir de monde, gardent une vraie gueule d’atmosphère. Certes, ils prennent un goût de réchauffé climatique ces dernières années, les touristes s’en plaignent d’ailleurs : il ne fait pas assez froid, il paraît que ça casse l’ambiance autour du vin chaud.

Atelier Bredele avec les copines franciliennes. / ©dr

N’empêche, faire une escapade en Alsace pour le marché de Noël est devenu le must do du Parisien trop fauché pour se payer les Maldives ou Courch’, il prend trois jours pour faire le tour du marché et revenir impressionner collègues et amis avec un magnifique exemplaire d’artisanat alsacien… made in China. L’Alsace a assurément réussi son coup marketing. Elle a été moins efficace pour faire comprendre au Français de l’intérieur qu’il existe un monde féérique autour et en dehors du fameux marché de Noël. Il a fait des petits par dizaines, dispersés dans la contrée, attendant les amateurs d’authenticité que la promiscuité effraie. Et c’est bien dans la campagne alsacienne transformée en conte de Grimm que l’on mesure pleinement la magie, l’ambiance chaleureuse, le charme inégalé et inaltérable des Noëls de ma Heimat.

Je n’abandonne pas pour autant les Franciliens à leur Noël factice pilonnés par les assauts conjugués de Mariah Carrey, des pubs de jouets et des téléfilms de Noël. Je continue à ma petite échelle d’insuffler l’esprit de Noël en région parisienne. Mon atelier Bredele est depuis près de vingt ans un incontournable du mois de décembre où mes copines lâchent tout pour venir confectionner avec moi des petits gâteaux de Noël alsaciens. Je suis régulièrement en pèlerinage à la boutique de pain d’épice Fortwenger des Champs-Élysées et à la maison Schmid face à la Gare de l’Est qui, depuis 1904, fournit en choucroute, épicerie et charcuterie alsacienne comme à la maison quiconque aspire à donner à son Noël un petit air d’Alsace.

J’ai moi-même fait du si pratique et festivement sous-estimé baeckeoffe le clou inattendu de mes repas de Noël. Et bien sûr, je propose avec mon spectacle Alsacienne d’Origine Contrôlée un voyage en alsacitude, accessible à tous, en île de France et ailleurs, même aux Lorrains, c’est dire !
La dernière de l’année a d’ailleurs lieu le 20 décembre à La Comédie de Metz en Moselle, seul département qui n’est ni en Alsace ni en France de l’intérieur. Ça m’oblige à leur faire une version personnalisée ? Qu’importe, je m’y attelle avec grâce, car c’est ça aussi l’esprit de Noël : un élan de solidarité et de réconciliation entre les peuples ! Et pour mes amis franciliens, cette année, je vais encore plus loin : le 14 décembre au We Welcome de Lagny-sur-Marne, ils auront droit à une expérience immersive globale : spectacle dès 17 heures, suivi d’un apéro alsacien avec dégustation de bredele, de bretzel et de vin chaud, assorti d’un photo-call en coiffes alsaciennes. Histoire de rappeler à qui en douterait encore que Noël est bel et bien une marque déposée alsacienne. Alors, prévenez donc vos amis de la capitale que cette fois-ci, ils n’ont pas besoin de prendre le TGV jusqu’à Strasbourg puisque je suis là pour mettre du rire et du bretzel dans leur vie !

Joyeux Noël à tous et… bonne glissade dans la nouvelle année !

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