Vous représentez la 8e génération des Mack dans l’univers des attractions, avec un Europa-Park élu « meilleur parc d’attractions au monde » pour la 1ee fois. Quel est le secret de cette longévité familiale ?
Notre famille a toujours pensé à long terme, avec un réel attachement pour l’ancrage régional. Pas seulement avec les Allemands, mais aussi avec les Alsaciens. Je crois que c’est ça notre secret : être un local dans le cœur, avec des standards internationaux en tête.
Vos attractions s’épanouissent aujourd’hui dans 17 quartiers thématiques européens. Mêler sensations fortes et découvertes culturelles, c’est la clé du succès ?
Au départ, il n’y avait pas cette idée de thématisation. Europa-Park, c’est 50 ans d’histoire dans une histoire de 245 ans, car Mack Rides fabrique des manèges depuis toujours. C’est Franz Mack, mon grand-père, qui a eu l’idée de créer un parc d’attractions, comme une vitrine pour présenter les trains fantômes et grands huit conçus par l’entreprise familiale. Et c’est à mon père, Roland Mack, qu’est venue l’idée des quartiers thématiques. À l’époque, il a rencontré Ulrich Damrau, qui travaillait chez Märklin (le fabricant allemand de trains miniatures, ndlr), et lui a dit « il faut faire quelque chose de plus que des attractions ». Mon grand-père n’était pas fan de l’idée, il était persuadé que les gens venaient uniquement pour les attractions. Moi, je suis content que mon père ait choisi ce chemin. Aujourd’hui, je le poursuis avec notre premier film d’animation.

Parlez-nous de ce film : Super Grand Prix. Qu’incarne-t-il pour Europa-Park, et son rayonnement hors les murs ?
C’est une bonne question… Ça dépend à qui vous la posez (rires). Si vous demandez à mon père, il répondrait « c’est une bonne pub pour les 50 ans du parc » ! Pour moi, c’est un rêve qui se réalise. Mais avant ça, c’était une crainte, car Mack Rides construit certes des manèges – dont 5% pour Europa-Park – mais aussi pour des entreprises mondiales comme Universal. Donc je me dois de créer des contenus pour le monde entier. Et ce film fait écho au début de notre histoire familiale, que peu de personnes connaissent finalement. C’est un vrai retour aux sources.
En parallèle, vous avez lancé une nouvelle attraction, Grand Prix EDventure…
Oui, c’est un Interactive Gameplay Theater, autrement dit un jeu interactif. Vous vous installez dans une nacelle et intégrez l’équipe de course d’Ed et Edda. Munis de lunettes 3D, vous récoltez des points sur plusieurs écrans à l’aide d’un laser pour recharger la voiture de nos mascottes afin qu’ils puissent terminer la course. C’est un clin d’œil au film, ici, au parc.
L’Alsace est un endroit extraordinaire, où l’on a la tête carrée des Allemands et le cœur vif des Français
Avec 6 millions de visiteurs par an dont 21% de Français, la France est un public essentiel pour Europa-Park. En quoi MACK One France renforce-t-elle ce lien ?
Les Allemands sont connus pour être une tête carrée, très mécanique. Mais notre cœur créatif bat du côté français. Depuis trois ans, à Plobsheim, notre creative headquarter produit des contenus pour Europa-Park et des partenaires externes, comme la compagnie AIDA. La partie technique (Mack Rides) reste à Waldkirch, en Forêt-Noire, tandis que les nouvelles idées (Mack One) émergent au sud de Strasbourg. On retrouve cette combinaison d’ingénierie allemande et de créativité française.
Deux activités pour un seul objectif : rendre les gens heureux ?
Tout à fait. « Emotionen wecken » (créer des émotions), disait toujours mon grand-père.
Europa-Park est une belle illustration de l’amitié franco-allemande, avec 25% de Français parmi les 5250 collaborateurs. Que vous inspire cet ancrage transfrontalier ?
C’est notre racine. Mon grand-père disait aussi que l’Alsace est un endroit extraordinaire, où l’on a la tête carrée des Allemands et le cœur vif des Français. Et il a raison :
c’est ce parfait mélange entre nos deux pays qui donne un produit extraordinaire. L’Alsace n’est pas une étrangère, c’est notre maison.
Et c’est à la maison que vous avez reçu un Bretzel d’Or, tout récemment !
Oui. C’est une immense fierté parce qu’on sait ce que ça représente en Alsace. Et cela prouve bien que notre famille vit ces deux quotidiens.
Avant notre entretien, vous nous avez fait vivre l’attraction emblématique du quartier français : « Madame Freudenreich Curiosités », où une grand-mère alsacienne élève en cachette des dinosaures ! Des albums jeunesse, édités en allemand, français et alsacien, sont même disponibles à la vente…
Oui, ça nous tenait à cœur d’en éditer un en alsacien. On a aussi lancé un nouveau court-métrage « Dino Mates 4D » inspiré de cette attraction, qui est diffusé dans le « Magic Cinéma 4D ». En janvier, Madame Freudenreich (à qui Huguette Dreikaus a jadis prêté sa voix ndlr) sortira sur Kinderkanal. On espère que ça pourra également sortir en France…
Vous disiez que Super Grand Prix était un rêve. En avez-vous d’autres ?
Oui, plein (rires) ! D’abord que ce film rayonne dans le monde. On aimerait améliorer la liaison entre Europa-Park et Rulantica. La Croatie va bientôt entrer dans sa deuxième phase, avec de nouvelles attractions. Mais Europa-Park ne doit pas nécessairement grandir chaque année. Mon grand-père disait « mir kann nicht mehr als ein Schnitzel pro Tag essen » (on ne peut pas manger plus d’une escalope par jour). Et c’est vrai : il faut développer de nouvelles idées sans jamais perdre de vue la qualité.
L’info en plus
Pour donner vie aux héros de Super Grand Prix, le film d’animation s’offre un fabuleux trio : Nikos Aliagas, Faustine Bollaert et Donald Reignoux, célèbre doubleur de Titeuf et Spider-Man. Dans cette aventure à toute allure, Edda, apprentie pilote, se lance le défi de participer au légendaire Super Grand Prix aux côtés de son idole, le coureur émérite Ed.