Sarah Chiche, faut-il encore la présenter ? Sa plume a toujours cette intensité rare, une écriture précise, habitée. Mais ici, un souffle nouveau traverse son texte : plus doux, plus lumineux. En cette rentrée, son roman s’impose comme une grâce. L’histoire démarre par une question simple et vertigineuse : que se passe-t-il quand, à 50 ans, on croise par hasard l’amour d’enfance que l’on croyait effacé ?
Sur cette trame intime et universelle, Sarah Chiche déroule le parcours de deux êtres séparés trop tôt, qui n’ont cessé de se chercher. Tout remonte à une enfance suisse. Alexis, élève brillant promis à la réussite, rencontre Margot, fillette fragile marquée par les ombres familiales. Entre eux, l’évidence. Mais le départ soudain de la petite fille brise ce lien naissant. Dès lors, leurs chemins divergent : Alexis s’élance vers les hautes sphères sociales ; Margot, ballotée par l’instabilité, trouve dans les livres un refuge puis une arme, une clé pour conquérir sa liberté.
Ce roman ne se contente pas d’une fresque intime. Il épouse aussi le mouvement du monde : la chute des murs, l’éclat des nuits festives, le vacarme des scandales financiers, l’incertitude d’un futur à écrire. Les personnages traversent les époques, cabossés, bousculés, comme nous tous. Pourtant, au milieu de ce fracas, une ligne invisible demeure : l’amour d’Alexis et Margot, enfoui, mais indestructible, prêt à ressurgir.
Quand ils se retrouvent enfin, il ne s’agit plus de l’élan naïf de l’enfance, mais d’un amour adulte, chargé du poids des années et d’une force nouvelle : celle des renaissances. Qu’en feront-ils ? Le roman laisse la réponse au lecteur.
Ample, vibrant, ce texte dit combien aimer peut devenir le dernier geste de rébellion contre le chaos du monde.
Isa sur Insta : lodyssee_des_mots
