Quand j’ai dit à ma voisine que l’invitée de la rédaction de Maxi Flash était la jeune Constance Schaerer, elle m’a répondu : c’est qui ? Alors j’ai précisé qu’elle était devenue en mai dernier la plus jeune Française à gravir le sommet de l’Everest, qu’il y avait dans son histoire quelque chose d’incroyablement sincère, et là, ma voisine a commencé à s’intéresser à la jeune fille. Il faut dire qu’avec elle, a priori, on est loin de la polarisation des esprits.
Ici, on parle de dépassement de soi, on parle d’une histoire de famille, d’un hommage à un père disparu, on est dans quelque chose de doux, d’émouvant, même si l’on pourrait évoquer les morts de l’Everest et l’autoroute que le plus haut sommet du monde est devenu. À propos de sommets, m’a dit ma voisine, au Racing, on les atteint en ce moment, sur le terrain et dans les tribunes, et la polarisation s’étale comme du beurre sur du pain chaud. Je ne vais pas en faire une tartine justement, elle a ajouté, mais à l’image de notre société, dans cette nouvelle affaire Racing, on a du mal à écouter l’autre, à considérer ses arguments, on fait comme si l’on ne comprenait pas, on pense à ses propres intérêts, parce que quand même, on a raison… Le football est devenu une affaire si sérieuse, les visages sont si graves en conférence de presse, on pèse chaque mot… Il paraît que les banderoles de quelques supporters qui ne sont pas d’accord avec la multipropriété des clubs, et donc avec les dirigeants de « l’institution », sont une honte… Je les ai vues, c’est maladroit, inapproprié au regard de ce qu’a fait Marc Keller pendant une décennie, mais méritent-elles cet emballement et ces tribunes fleuries comme un corso sur les réseaux ?
Des supporters, pas la majorité, affirment leurs désaccords, ils payent leurs billets, ils s’expriment, c’est si grave ? Oui pour les dirigeants du Racing qui ont sans doute raison de défendre leur politique et leurs millions, ils font leur beurre j’ai répondu à ma voisine, mais elle m’a balancé qu’elle avait lu sur le site de Rue 89 Strasbourg une phrase qui donne à réfléchir : « On aurait apprécié la même fermeté quand la banderole des hooligans néonazis de Strasbourg Offender s’affichait sans problème en tribune ». Là, j’étais bouche bée comme devant un but d’Emanuel Emegha. Finalement, qui a raison dans cette histoire ? Pour l’instant, personne. En sport, comme pour une ascension, il n’y a qu’une vérité : le sommet. Et la route est longue. Pour y parvenir, une petite remise en question en tribune et en tribune d’honneur de temps en temps, un peu d’écoute et un petit sourire ne peuvent pas faire de mal.
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