Votre association 7 sommets contre la maladie est née en mars 2022. Pouvez-vous nous résumer son objectif ?
Elle a pour but d’accompagner des enfants qui ont un parent atteint d’un cancer, ou qui ont perdu un parent à cause d’un cancer. Concrètement, on organise des événements, des weekends, des réalisations de rêves. En 2024, plus de cent événements ont eu lieu dans toute la France.
Par vos exploits, vous leur montrez que tout est possible malgré le deuil. Mais vous, qu’est-ce que cela vous apporte ?
Exactement, et cela me permet de mettre en avant mon association. (Elle réfléchit) Moi, ça m’apporte de vivre, de faire ce que j’ai envie de faire et d’aller au bout de mes projets.
Le déclencheur de l’association et de vos expéditions, c’est votre père. Peut-on rappeler son histoire ?
J’ai perdu mon papa à 9 ans d’un cancer du pancréas, et treize ans après, j’ai retrouvé une lettre dans laquelle il expliquait son désir de voir ses cendres dispersées sur les sept plus hauts sommets du monde. Le décès de papa, c’est le premier déclencheur, et le deuxième, on le découvrira dans mon livre !
En mai 2025, à 26 ans, vous êtes devenue la plus jeune Française à atteindre le sommet de l’Everest. Quelques mois après, quels souvenirs vous reviennent ?
La gentillesse des Népalais au camp de base. Et après, l’arrivée au sommet qui a été très difficile, ce n’était pas une grande partie de plaisir. On n’a pas eu une très bonne météo le jour de l’ascension finale, avec énormément de vent, et -40°C. C’était difficile de se projeter sachant qu’on part de nuit, et on marche toute la nuit. J’étais extrêmement fatiguée, épuisée, et le froid ne nous a pas aidés à arriver au sommet dans les meilleures conditions, mais on a réussi malgré tout.
On entend souvent parler de morts en chemin. Avez-vous ressenti un danger ?
Oui oui, c’était extrêmement dangereux. Et il ne faisait pas un peu froid, je n’ai jamais eu autant froid de ma vie, alors que j’étais en Alaska ou à l’Aconcagua ! Là on était mort de froid, les pieds, les mains gelées. Et on a eu un mort dans notre équipe, l’effort était tellement intense…
Des quatre sommets déjà atteints, lequel préférez-vous ?
Le premier, le Kilimandjaro en juillet 2021, m’a marquée, et le Denali aussi, en juin 2024, parce qu’on n’avait pas réussi la première année, alors c’était particulièrement fort d’y arriver au deuxième essai.
L’ascension en elle-même est-elle aussi forte que le fait de déposer les cendres de votre père ?
Non, déposer ses cendres c’est plus important, parce que je vais là-bas pour ça. Bien sûr, j’essaie de vivre l’expérience à fond, du début à la fin, et pas seulement les dernières secondes…
D’ailleurs, vous êtes toujours accompagnée d’un cameraman, Hugo Lorentz. Un film sur l’Everest est-il prévu ?
Oui, on sort les films tous les ans, ce sera donc notre quatrième, toujours à la date anniversaire de mon père, le 27 février, certainement à l’UGC Strasbourg comme l’année dernière.
Mais votre actualité, c’est ce livre qui sort le 1er octobre chez Fayard, Tu reposeras sur les plus hauts sommets du monde papa…
Depuis un an et demi, je travaille dessus, et je n’en peux plus ! (rires) Il m’a demandé énormément de temps, j’y ai passé l’été, dix heures par jour. En général, j’écrivais dans ma chambre, seule, et aussi avec des personnes de la maison d’édition, pour obtenir un livre très beau, vraiment. C’est un projet magnifique et c’était surtout celui de mon père d’écrire un livre. C’est même encore plus pour ça que je le fais que pour moi, parce qu’il y aura aussi beaucoup de lui, je reprends beaucoup de passages qu’il a écrits lui-même. En fait, il voulait écrire un livre sur les Sept sommets et les faire, pour montrer à toutes les personnes atteintes d’un cancer qu’il fallait continuer à se battre et se fixer des objectifs.
De quoi parlez-vous dans ce livre ?
De tout, de ma naissance, de mon enfance, jusqu’à aujourd’hui. Tout ce qui m’est arrivé dans la vie, comment on a vécu sa maladie, son décès, ma vie d’après, comment j’ai commencé le ski pour aller au plus haut niveau, mes études, la découverte de la lettre et tout ce qui s’en est suivi, les expéditions, les ascensions…
C’est donc très personnel, vous ne craignez pas de vous exposer autant ?
Si. Je suis terrorisée, mais apparemment maintenant on y est ! Ce n’était pas trop mes projets initiaux, mais cela fait trois ans que je partage ma vie dans les médias et sur les réseaux. La première fois c’était l’émission de France 2 Ça commence aujourd’hui en janvier 2022… Il y aura aussi une très grosse couverture média pour le livre, je vais en parler partout !
Avec les courses auxquelles vous participez également, la tournée promotionnelle vous permettra de garder la forme pour la prochaine ascension ?
Oui j’essaie. J’ai fait la MCC, le trail 42km sur la Côte d’Opal, puis un triathlon à Paris. Ensuite, j’ai des projets de voile en octobre avec Mike Horn… Avec tout ça, je dois déléguer plus de choses pour pouvoir retrouver du temps pour m’entraîner, bien que le sommet suivant ait été décalé, car je n’ai pas d’objectif de temps pour les réaliser tous.
Le chiffre
200 000
Constance a 81 000 followers sur Instagram, 60 000 sur TikTok, une grosse communauté sur LinkedIn et Facebook, soit environ 200 000 followers au total.
