jeudi 24 juillet 2025
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Pierre Bihl – L’artisan d’Alsace

D’abord président du club de football local, puis adjoint et maire de Bergheim durant trois mandats consécutifs, Pierre Bihl est aussi un des artisans de la création de la Collectivité européenne d’Alsace. À 74 ans, il reste son premier vice-président chargé de l’équité territoriale et du développement de son territoire, le Centre Alsace. À mi-mandat, l’élu, qui vient d’inaugurer une Maison Alsace flambant neuve à Sélestat, dresse le bilan et se tourne vers l’avenir.

Maxi Flash : Avant la vie publique, vous avez d’abord été investi dans la vie associative. Était-ce une bonne porte d’entrée ?

Pierre Bihl : En effet. Dans ma jeunesse, je jouais au football au SR Bergheim. Avec les années, j’en suis devenu le président. Un poste que j’ai occupé pendant dix ans. Ça m’a permis de développer certaines compétences : organisation, management, ressources hum-aines, etc. En 1989, j’ai été approché par le maire de Bergheim de l’époque, Pierre Walter, pour intégrer l’équipe municipale. Ainsi, je suis devenu adjoint pendant deux mandats. Je m’occupais principalement des relations avec les associations, mais aussi de l’eau et de l’assainissement. En mars 2001, j’ai pris la succession de Jean-Paul Steib, maire depuis 1994. J’ai enchaîné trois mandats et de nombreux projets d’envergure ont été menés pendant dix-neuf ans, en lien avec une équipe efficace et dévouée.

Ces projets, parlons-en. En trente-et-un ans de vie municipale, vous avez dû en voir défiler. Que retenez-vous de toutes ces années ?

Ces années m’ont beaucoup appris. Bergheim est avant tout connue pour son patrimoine. Nous avons fait restaurer nos remparts et nos tours du XIVe siècle, mais aussi l’ancienne synagogue, devenue un espace culturel. Pour répondre à la demande des touristes, nous avons accueilli une résidence du groupe Odalys, composée de 75 appartements de vacances. Concernant nos retraités, ils ont pu bénéficier d’une nouvelle maison de retraite, les Fraxinelles, en 2015. Pour les sportifs, nous avons aussi fait construire une salle dédiée à la pratique du tennis de table, Bergheim disposant toujours d’un très bon club. Pour améliorer notre cadre de vie, nous avons aussi poursuivi le fleurissement et l’embellissement de nos rues. De plus, Bergheim a obtenu des labels d’exception, en devenant Plus beau village de France, mais aussi Village préféré des Français. C’est une fierté !

« J’avais envie de participer à cette réussite »

En 2015, vous êtes élu conseiller départemental, en binôme avec Émilie Helderlé, pour le canton de Sainte-Marie-aux-Mines. Vous avez vu renaître l’Alsace…

En quelque sorte, oui. Avec la création de la Collectivité européenne d’Alsace (NDLR : effective depuis le 1er janvier 2021), j’avais à cœur d’opérer au rapprochement entre le 67 et le 68. C’était un challenge intéressant. J’avais envie de participer à cette réussite. Entre les élus, tout s’est merveilleusement bien passé. Nous avons pu nous répartir des missions. Le président a réorganisé les services et a trouvé un consensus. Pour ma part, en 2021, je suis devenu vice-président de la CeA chargé de l’équité territoriale, du dialogue social et du territoire Centre Alsace. J’ai décidé de m’impliquer à 100 % pour l’Alsace et de ne plus me représenter à la mairie de Bergheim. Tout s’est bien passé jusqu’à maintenant. Mon mandat durera jusqu’en 2028. Ce sera le dernier.

Quel bilan tirer à mi-mandat ?

Avec Émilie, nous avons pu faire avancer des dossiers d’envergure sur le canton, malgré la crise covid. Côté travaux routiers, un mur de soutènement sur la route du col de Sainte-Marie-aux-Mines et une réorganisation de l’échangeur de Guémar ont été réalisés. Nous nous sommes aussi concentrés sur l’attractivité du territoire et le tourisme, avec l’extension du musée du Linge d’Orbey, la création de la maison du Val d’Argent et l’aménagement du musée des Métiers du Mois à Labaroche. Concernant l’éducation, la jeunesse et le sport, nous avons œuvré à la restauration du collège de Kaysersberg, mais aussi à la rénovation thermique de la piscine intercommunale de Ribeauvillé.

L’inauguration de la Maison Alsace de Sélestat, le 31 janvier. / ©cea
Le mandat va encore durer trois ans. Quels sont les projets dans les tuyaux ?

Nous comptons lancer la phase 2 de la rénovation de la piscine de Ribeauvillé, déménager la maison de retraite de Kaysersberg à Ammerschwihr et réaliser une restructuration de l’EHPAD de Sainte-Marie-aux-Mines. De plus, un projet de maison intergénérationnelle est en cours à Bergheim, dans l’ancien EHPAD. Sur le plan des mobilités, des itinéraires cyclables sont en projet du côté de Kaysersberg et Lapoutroie. Nous souhaitons aussi requalifier la RN83, bien trop peu adaptée pour accueillir plus de 60 000 véhicules par jour. Une étude est en cours. Les travaux devraient débuter en 2027. La taxe poids lourds pourrait permettre de financer ce projet. Une aire de covoiturage de 150 places avec ombrières photovoltaïques verra le jour à Châtenois, à la sortie du contournement. Pour renforcer notre attractivité, nous comptons aussi mener des travaux sur le château du Haut-Koenigsbourg, pour consolider le bâtiment, améliorer l’accessibilité et créer un restaurant.

En France, plus de la moitié des départements sont financièrement fragilisés, mais pas la CeA. Pourquoi ?

Pourquoi les autres et pas nous ? Car nous avons eu de bonnes idées. Nous avons obtenu des recettes sur les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), des taxes que les collectivités locales et l’État imposent lors de la vente d’un bien immobilier, quel qu’il soit. Une partie de ces recettes a été mise en réserve et nous est bien utile. Nous les utilisons pour équilibrer le budget. Nous ne pouvons pas nier que nos recettes sont en baisse. Nous avons perdu 100 millions d’€ par rapport à 2021, alors que les dépenses augmentent. Souvent, l’État décide et les départements paient, sans recevoir davantage de dotations. Concernant le budget 2026, rien n’est sûr. Cependant, de nombreux départements ont déjà annoncé qu’ils n’arriveraient pas à l’équilibrer. Nous serons contraints de prendre des arbitrages, c’est certain, mais nous ne souhaitons pas nous concentrer uniquement sur les compétences obligatoires, telles que la gestion des collèges, des routes, du social, etc. Nous préférerions continuer à aider tous les secteurs, en nous adaptant au contexte.

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