Qu’est-ce qui vous a amenée à créer le Fonds femmes et avenir en février 2021 ?
Angélique Gasmi : J’ai eu affaire à la problématique d’une famille monoparentale, au contexte très particulier qui fait basculer dans une précarisation psychologique et financière. J’ai rebondi, et j’ai observé des femmes et des hommes dits du milieu aisé, qui ont été déclassés. L’absence de politique publique face aux divorces qui explosent, c’est un constat alarmant et ignoré. Notre ONG regroupe cinquante femmes et hommes qui œuvrent pour les enfants.
Que proposez-vous et à qui ?
Le rôle de la fondation est triple : éclairer les politiques, en 2023 nous avons fait sept propositions de loi, notamment la création d’un statut de famille monoparentale. Ensuite, proposer un protocole d’accompagnement aux employeurs adossé à l’article 27 de la Charte européenne qui permet d’éviter les conflits entre responsabilité familiale et professionnelle. Les femmes sont rappelées à leur situation historique, elles font tout pour garder les enfants ! Leur charge mentale augmente, elles ont peur d’en parler puis elles seront soit licenciées soit en dépression. Or il suffit d’éveiller les employeurs… Enfin, il s’agit de sensibiliser la société civile, c’est le travail des médias pour rendre visible un sujet qui n’est plus minoritaire.
Y a-t-il une aide directe pour les parents solos ?
L’objectif est de créer un guichet unique de la monoparentalité: Femmes et avenir assure une ligne d’écoute (*). Nous avons aussi besoin de bons avocats médiateurs—aujourd’hui ils sont formés à la guerre—pour créer un annuaire et négocier un prix. Les enfants sont souvent en décrochage scolaire parce que le parent ne peut pas les accompagner. La collecte de l’argent sert à financer des bourses d’aide scolaire, au suivi psychologique des enfants, au logement et aux places en crèche. Nous allons lancer un appel aux dons en 2024 pour soutenir cette campagne opérationnelle.
(*) Ligne d’écoute, dons et renseignements sur www.familles-monoparentales.org
Les familles monoparentales en chiffres
4,7 millions de petits Français vivent avec un seul parent, ce qui représente aujourd’hui 30% des familles. 85% des enfants sont confiés aux mères, qui ont environ 40-45 ans lors de la séparation. Quasiment un père sur deux ne paie pas de pension alimentaire, alors que 41% des enfants sont déjà dans la pauvreté. Un an après la séparation, leur niveau de vie baisse de 19%, et après 5 ans, de 12%. (Source : Fonds femmes et avenir)