Au début du XXe siècle, Henri Loux, ce natif d’Auenheim, avait déjà bien coupé les liens qui le liaient à son village : « Dessinateur aguerri, il avait déjà commencé à intégrer différents groupes d’artistes alsaciens », raconte Paul-André Béfort, spécialiste du sujet depuis 40 ans et auteurs de nombreux livres dédiés à l’artiste. En 1903, Charles Spindler et Gustave Stosskopf, deux artistes alsaciens avec qui Loux avait tissé des liens, sont contactés par la faïencerie Utzschneider & Cie de Sarreguemines pour réaliser de nouveaux sujets pour ses services de table : « Les deux peintres n’avaient pas le temps. Ils ont fait le choix de proposer Henri Loux, poursuit l’auteur. Nous savons qu’il s’est rendu sur place à plusieurs reprises pour réaliser les dessins de ces fameux services de table, commandités par le restaurateur de La Cloche à Obernai ». Presque naturellement, ce service de table a pris le nom de la ville, bien qu’il ne présente aucune de ses vues : « Henri mettait en avant l’Alsace, aussi bien ses costumes, que ses villages et ses rues. Il dessinait ce qu’il voyait autour de lui ».
Une rencontre de passionnés
Dans les années 80, Paul-André Béfort, alors médecin, a fait la rencontre de Fernand Gastebois, un spécialiste de Henri Loux : « En 1985, à la demande des éditions de la Nuée Bleue et alors que Fernand avait du mal à écrire le français, je l’ai accompagné dans l’écriture d’un premier livre consacré à la vaisselle. Nous avons ensuite sorti quatre autres ouvrages en élargissant le spectre, pour détailler tout le champ des réalisations de l’artiste ». Ensemble, ils ont fondé l’association « Les Amis de Henri Loux », alors que le nom de l’artiste est presque inconnu dans la région. Le service comportant ses œuvres, aujourd’hui connu de tous les Alsaciens, a continué d’être produit jusqu’en 2020 : « La mairie de Gerstheim dispose encore d’un fonds important », indique et conclut Paul-André Béfort.