Qu’est-ce qui vous a donné envie d’exercer cette profession ?
Mon grand-père était maître ramoneur à Colmar et quand j’étais petit il me racontait des anecdotes toutes plus folles les unes que les autres sur son métier. En 3e j’ai eu l’occasion de faire un stage chez un ramoneur et ça a été le déclic, même si au collège on ne m’a jamais poussé vers les métiers manuels… Je me souviens d’ailleurs que la conseillère d’orientation m’avait demandé si je voulais être propriétaire un jour dans ma vie, parce que, selon elle, ce n’était pas possible avec ce métier ! Comme si on réalisait ce genre de choses à cet âge.
En Alsace, le ramoneur a une image particulière…
On a un aspect de porte-bonheur, c’est une tradition d’Allemagne. Si le ramoneur ne passe pas chez vous, la maison brûle ! Quand j’ai commencé, on me déposait dans un village en me disant tu te débrouilles et j’allais faire du porte-à-porte avec ma brosse sur l’épaule, mon aspirateur sous l’autre et mon échelle. J’ai été et je suis toujours très bien accueilli et ce sont ses liens avec les gens que j’apprécie particulièrement, même si doucement on perd cette façon de travailler.
Est-ce que la profession a beaucoup changé depuis votre grand-père ?
Oui, mais les chaudières à condensation et les poêles à pellets ont aussi besoin d’être contrôlés. Je n’ai juste plus que ma brosse sur le dos, j’arrive avec ma tablette et mon drone. La profession ne disparaîtra pas au contraire, plus on avance, plus on en a besoin parce que les gens reviennent à des énergies bois.
Vous parliez tout à l’heure des anecdotes de votre grand-père, vous êtes-vous fait les vôtres ?
Oh que oui ! La première m’a fait peur, j’avais 15 ans et je suis intervenu dans un grenier rempli de chapelets. Au moment de partir, la dame m’a serré la main, m’a donné le nom et prénom de ma mère et m’a demandé comment allaient ses migraines. Personne ne la connaissait dans notre famille ! L’autre est plus légère, un poêle à granulés était en panne, quand j’ai débouché le conduit j’ai trouvé un sous-vêtement qui n’était pas celui de madame, je pense que son mari a dû passer un sale quart d’heure en rentrant !