Délivrer des permis de chasse, ce n’est pas le seul rôle de la FDC67, loin de là. À la mi-septembre, 6500 avaient déjà été tamponnés depuis l’ouverture de la chasse dans le Bas-Rhin le 15 avril (pour le renard, le lapin de Garenne, le sanglier). Bien que « 40 000 porteurs de permis soient dénombrés, tous ne pratiquent pas », selon Nicolas Braconnier, le chef du service technique. Avec le démarrage des battues à l’automne, quelque 7500 permis sont délivrés dans le Bas-Rhin chaque année, jusqu’à la fermeture générale en février.
Si la date pour les oiseaux de passage est fixée par arrêté ministériel, tout dépend du stade de développement pour les perdrix et les faisans. « La date se cale sur la biologie des espèces et leur sensibilité. L’objectif est de conserver les populations à long terme », explique Nicolas. Les perdrix grises sont menacées, et « parfois maintenues artificiellement, sur des zones aménagées. Sans l’intervention humaine, il n’y en aurait plus, car perdrix et faisans nichent dans les céréales d’hiver, alors qu’avec un labour en hiver et des semis au printemps comme pour le maïs, la période de reproduction est passée ».
Restaurer des milieux favorables
En bonne entente avec les acteurs du territoire, agriculteurs, forestiers et communes, et au-delà de la compensation des dégâts du gibier, les chasseurs ont un rôle de protection de la nature, notamment grâce à l’association adossée à la FDC, le Fonds alsacien pour la restauration des biotopes. Elle intervient sur « des mares, des boisements, des roselières, dans 210 communes du département », détaille le technicien.
La FDC67 expérimente aussi « des méthodes agricoles moins destructrices », ou « émet des recommandations pour restaurer des milieux favorables à la faune ou à la flore ». Le service technique va ainsi sur le terrain, dans le cadre de « mesures compensatoires pour des sociétés comme la SNCF. L’iris de Sibérie ou les superbes sont concernées dans le Ried par exemple ».
L’accidentologie en baisse
En tant que formateurs, Nicolas et ses collègues interviennent « pour la pratique obligatoire des détenteurs de permis, pour les gardes-chasse, l’habilitation à porter une arme, l’hygiène et la venaison, la reconnaissance d’espèces, l’écologie comportementale pour limiter les collisions, etc. » Former aux gestes de premier secours, sensibiliser aux capacités des armes, ouvrir les chemins pour les véhicules d’urgence, « c’est un travail de longue haleine, mais les choses sont rentrées dans les habitudes, comme pour l’alcool. Lors des battues, on chasse en début de journée et les repas ont lieu vers 15h, puis les fusils ne sont pas repris en main ». Conséquence de cette prise de conscience, l’accidentologie est en baisse (source ofb.gouv.fr) : en 2022-2023, six décès de chasseurs sont comptabilisés en France —le chiffre historiquement le plus bas— et 78 accidents, soit une baisse de 62% sur 20 ans.
L’info en plus
Qu’est-ce qu’on chasse en Alsace ? Principalement du grand gibier, sanglier, chevreuil, cerf, daim, chamois (depuis 2014) et quelques cerfs élaphes dans la forêt de Haguenau ; des perdrix, des faisans en plaine. Le long du Rhin, certains canards et localement, des grives, pigeons, bécasses. Le lièvre (du 15 octobre au 15 décembre) est sur liste rouge en Alsace depuis 2003.