La LPO a été créée à l’échelle nationale en 1912, suite au massacre des macareux des Sept-Îles. De 20 000 leur population avait été réduite à quelques centaines : « C’est la première victoire de la Ligue avec un arrêté préfectoral qui interdit la chasse et la vente des macareux », explique Cathy.
Depuis, de nombreuses LPO se sont développées en France. Elles sont composées de naturalistes et soigneurs qui ont à cœur de préserver les oiseaux, leur habitat et toute la biodiversité qui les entoure. En 1995, l’association – qui a commencé dans le jardin d’une bénévole – est officiellement devenue la LPO Alsace.
Pour savoir quoi protéger, il faut faire des inventaires : « Alors on applique des protocoles du Museum d’histoire naturelle. Le professionnel identifie les chants des oiseaux à l’oreille, il recense et situe, ça demande une ouïe très fine ! Les espèces sont sélectionnées si l’on observe une augmentation ou une diminution afin d’avoir une image à un instant T. Cinq ans plus tard, on recompte et ça nous permet d’établir des Atlas qui répertorient toutes les bêtes présentes sur le territoire », dit Cathy en ramenant le gigantesque livre, résultat du travail colossal des membres de la LPO.
Trop tard pour le courlis cendré ?
Si les relevés sont anormaux, la LPO étudie les facteurs qui impactent les animaux : la zone de reproduction qui disparaît, l’alimentation – notamment les insectes de moins en moins nombreux – et la montagne de bouleversements causés par l’Homme (lignes électriques, trains, voitures, grillages, piscines, poteaux creux, surface vitrée, chasse, agriculture intensive…). La LPO parle d’incidence légère, forte ou létale. « En ce moment, c’est le courlis cendré qui s’éteint, cet oiseau qu’on voit sur le panneau de l’autoroute entre Colmar et Strasbourg. Il ne reste que cinq couples, donc il n’a pratiquement aucune chance », déplore Cathy. Il suffit qu’un élément change pour que certaines espèces soient totalement perturbées, dans le cas du courlis, il s’agit du manque cruel de prairies naturelles sur le territoire.
Alors, face à tous ces drames silencieux, la LPO intervient : « Une fois les menaces identifiées, on va protéger l’habitat de l’espèce qui se porte très mal en contactant les propriétaires des parcelles où il niche pour limiter les interférences et potentiels prédateurs. Après nous sommes réalistes, on ne peut pas dire aux paysans de ne pas faucher à telle période parce que certaines espèces font leur nid au sol. Mais on travaille avec chaque profession pour trouver l’équilibre économique tout en favorisant la biodiversité ».
La LPO participe aussi au développement des trames vertes et bleues, des réservoirs de nature isolés, et tente tant bien que mal de trouver des mesures compensatoires aux dégâts causés par notre mode de vie. Une bonne résolution pour prendre soin des petites bêtes ? Un jardin parfaitement taillé n’est pas forcément l’idéal… Les guides bénévoles proposent d’ailleurs des sorties nature au grand public afin de sensibiliser aux bons réflexes. « Et surtout, à la moindre question, il ne faut pas hésiter à nous contacter, nous avons 6 000 demandes par an, mieux vaut se renseigner et trouver des solutions que de prendre une mauvaise décision », conclut Cathy.
En attendant, chaque année, les soigneurs recueillent 5 000 animaux entre le poste de Rosenwiller et le centre relais du Haut-Rhin et font leur maximum pour assurer aux bêtes à poils ou à plumes un avenir meilleur.