dimanche 24 novembre 2024
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Didier Mesny – Sagesse populaire

Il a été chef d’entreprise et maire, deux casquettes très utiles à l’homme d’affaires parisien d’origine et marié à une Alsacienne, qui est devenu « un petit peu par hasard » président de l’Université Populaire d’Obernai il y a 12 ans. C’est la rentrée, il est l’invité de la rédaction.

Comment définir l’université populaire ?
C’est un centre qui dispense des connaissances et qui s’adresse à tous, comme Tintin, de 7 à 77 ans. Je pourrais repousser le 77 bien plus loin, car nous avons des adhérents plus âgés! La majorité des UP en France proposent principalement des conférences, mais en Alsace on ne fait rien comme tout le monde, nous sommes chanceux, notre système est presque scolaire ! Ici, on enseigne les langues, l’histoire de l’art, le yoga ou la mosaïque.

Celle d’Obernai a été créée en 1966 !
C’est le fruit de l’engagement de Paul Adolf, Linguiste, ancien professeur d’anglais et docteur en lettres à l’Université des sciences humaines de Strasbourg, il est à l’origine de méthodes d’apprentissage de l’anglais à partir du dialecte alsacien. Avec son épouse, ils ont fondé une petite structure qu’ils ont développée au fil des demandes, d’abord avec l’allemand, puis avec d’autres langues et de nouvelles matières, mais les cours de langues fonctionnent le mieux chez nous.

Il y a un besoin ?
Oui, car je vois des gens qui arrivent et qui veulent s’inscrire en néophyte anglais, alors qu’ils sont censés avoir atteint un niveau supérieur pendant leur scolarité, ils me disent « j’en ai fait jusqu’en terminale, et pourtant je ne sais rien », ça représente plus de 80% de ceux qui frappent à notre porte. Quand on ne pratique pas, on oublie un peu, mais ça devrait revenir, ce qui n’est visiblement pas le cas puisqu’ils intègrent les classes débutants et ne reviennent jamais pour me dire que c’est trop simple. En cette période, l’allemand se casse un peu la figure, mais l’italien marche très fort ! Nous avons un professeur d’italien exceptionnel qui est ouvert à une multitude de choses, l’art, la cuisine, ce sont des cours qui vivent, les gens s’enregistrent déjà pour l’année d’après tellement ça leur plaît ! J’ai également des leçons d’anglais à mourir de rire, le mercredi après-midi, des retraitées d’Obernai font une heure de cours et le reste c’est salon de thé, elles sont là depuis dix ans ! La motivation de la moitié des participants est liée au fait de rencontrer du monde et de passer un bon moment.

Vous parliez de nouvelles matières, lesquelles ?
Ça dépend des années, il y a ce que j’appelle des « produits mode », ce sont des activités qui naissent et qui disparaissent assez vite. Par exemple, il y a eu un véritable engouement pour la Zumba pendant deux saisons, et puis plus rien. Les Pilates reviennent ! Chaque année nous essayons de proposer des nouveautés, car c’est généralement la première question que les adhérents nous posent, c’est un peu comme dans la mode, qu’est-ce qu’on va porter à la rentrée ?

Dans quelles circonstances êtes-vous devenu président de l’UP d’Obernai ?
Je suis d’abord venu donner un coup de pouce et je ne suis jamais parti. Je l’ai restructuré, comme je le faisais avec une entreprise. Les professeurs sont salariés, les autres membres de la structure sont bénévoles, cela nous a permis de dégager des marges normales dès la première année. Aujourd’hui, l’association vit sans aucun soutien extérieur, à part celui de la ville d’Obernai qui nous accorde 1200 euros par an. C’est symbolique, mais appréciable.

L’Université Populaire dispense des cours à Barr, Blaesheim, Bourgheim, Entzheim, Geispolsheim, Marlenheim et Schirmeck !
Oui, et à la rentrée nous avons lancé Rosheim (au monastère des Bénédictines) et Sélestat (foyer Saint-Georges). En revanche, je n’ouvre pas n’importe où. Nous avons un tissu associatif énorme en Alsace, alors, lorsque l’on s’implante quelque part, je regarde ce qui existe déjà. On démarre toujours par les langues, parce que c’est notre histoire et après, on développe au fur et à mesure.

Travaillez-vous avec les autres Universités Populaires en Alsace ?
Les UP en Alsace se sont créées de façon très indépendante. Nous avons des antennes à Mulhouse, Strasbourg, Colmar et Obernai, mais chacune est dirigée par un président et, pour être clair, c’est l’homme qui donne l’orientation de son université, chacun fait son truc un peu dans son coin.

Comment avez-vous vécu les dernières années, notamment la crise sanitaire ?
Pendant le covid nous avons perdu des adhérents, mais notre trésorerie a tenu. J’ai d’ailleurs maintenu les cours, même quand il n’y avait pas assez d’élèves, afin de ne pas perdre ceux qui venaient encore. Nos catalogues sont faits maison et sur demande, je m’improvise même graphiste et il m’arrive de recontacter d’anciens collaborateurs pour donner un coup de main. Un réseau, ça se cultive, j’ai travaillé le mien pendant de longues années. Pour subsister, il faut savoir s’adapter.

Propos recueillis et rédigés par Lucie d’Agosto Dalibot et Éric Genetet

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