jeudi 21 novembre 2024
AccueilCHRONIQUESAmbroise PerrinLa flam all qui pique à Schaeffersheim

La flam all qui pique à Schaeffersheim

« C’est pas la vraie ! Nicht schlimm, Das ist egal ! ». Nous sommes, en cette journée universelle de la paix, le mardi 25 juin 2024, à Schaefersheim. Demain mercredi, le feu sacré arrive à Strasbourg, c’est au nord du village. La flamme a été allumée au sud, à Olympe, elle traverse le pays par relais de valeureux sportifs et, dit-on, on a dépensé dans le Bas-Rhin 180 000 euros pour voir passer le symbole brûlant.
De nombreux villages veulent bien être de la trêve et de la fête, mais n’ont guère envie de participer (l’essentiel est de s’amuser) à une telle dépense, une caravane de champions enflammée et peu écologique parcourant leur rue principale. Donc celle-là, c’est une fausse ! On l’a fabriquée avec un long bâton doré surmonté d’une torche en chapiteau ionique, orné de 24 cannelures. On l’allume avec de l’huile de barbecue, cela fait un bien plus bel effet fumeux que la cartouche de gaz propane officielle. L’on s’amuse sous la banderole « la Flam All Qui Pique », Flamme pour flammekueche, All you can eat buffet illimité, et qui pique comme des orties, il y en a plein dans les sous-bois en cette saison.

Le Président du club sportif, Michel Bréal, qui a fait ses études à Wissembourg et a écrit un livre sur la mythologie grecque, adapte pour Schaefersheim le discours qui sera prononcé demain par les sommités dans la capitale européenne : « Bienvenue à la flamme en terre de réconciliation, de paix et de démocratie, d’oignons et de lardons ».
La foule est enthousiaste. Le bus des travailleurs frontaliers à Lahr fait traverser le Rhin à quelques coureurs locaux, ils exhibent la torche, la vitre ouverte, voilà pour respecter l’esprit international. Car c’est un événement dans le village : après l’inauguration du nouveau cimetière en 2017 et la rénovation de la toiture de la chapelle Saint-Blaise en 2018, voici maintenant 2024, l’épreuve de la tarte flambée olympique.

Il y a d’abord des éliminatoires, on chronomètre la vitesse pour avaler une tarte homologuée, 313 grammes, 33 cm de diamètre, pâte à pain au levain. Puis des huitièmes, des quarts, une demi-finale. Le concours de la finale est retransmis sur un grand écran installé entre la rue Haute et la rue du Merle. Le vainqueur a réussi une vitesse de mastication équivalente à 37,58 km/h digne d’Usain Bolt, le vainqueur étant d’ailleurs une femme, la patronne de « Chez Brigitte », le salon de coiffure à côté du restaurant à la Couronne. Les épreuves suivantes se déroulent par groupes de quatre concurrents. À la lueur de la torche mythique en ce moment historique, la Flam All Qui Pique brille comme un symbole de dépassement de soi et d’esprit d’équipe.

ARTICLES SIMILAIRES
- Publicité -

LES PLUS POPULAIRES