dimanche 24 novembre 2024
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Marc Levy – Le tourisme alsacien sur tous les fronts

Marc Levy n’est pas romancier, mais directeur général d’Alsace Destination Tourisme (ADT). Le Strasbourgeois, géographe de formation, a travaillé pour de multiples collectivités sur le territoire avant de prendre la tête de la structure en 2016. Il nous en dit plus sur le rôle de son équipe et les richesses de l’Alsace.

On commence par un rappel, Alsace Destination Tourisme, c’est quoi ?
C’est un comité départemental du tourisme, une organisation prévue par la loi, qui existe depuis 1951. En Alsace, nous intervenons pour le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, car nous avons la chance d’avoir une destination qui ne s’entend que par un mot : l’Alsace. On ne va pas en vacances dans le Haut ou le Bas-Rhin ! Notre vocation est de développer l’offre touristique, la qualifier et la promouvoir, en repérant les prestataires de services tels que les hébergeurs, restaurateurs, loueurs de vélos, guides touristiques… Nous créons le lien entre accompagnants et accompagnés, avec une offre qualitative et diversifiée. On a cette chance d’avoir ici des gens qui fournissent des services variés, alors nous faisons en sorte que les visiteurs ne manquent rien de l’Alsace lors de leur visite.

Quelles sont vos actions concrètes sur le territoire ?
Notre équipe, établie entre Colmar et Strasbourg, se divise en plusieurs pôles. Il y a par exemple l’ingénierie qui œuvre sur l’observation et le développement des flux. C’est essentiel de connaître l’impact d’un marché de Noël ou de l’UTMB pour proposer la bonne offre ou, au contraire, la retravailler. À partir de là, nous concevons une stratégie touristique autour de thématiques prioritaires : les itinérances douces (vélo, rando, canoë, cheval), les étoiles et millésimes (gastronomie et œnotourisme), « prenez de la hauteur » (nos montagnes), le bien-être, les lieux insolites (châteaux, cabanes dans les arbres, Chi Kong dans les vignes…) et humanisme rhénan, une case un peu fourre-tout qui a son importance puisque c’est la partie très identitaire avec les traditions populaires.

L’ADT soutient également la création d’événementiel avec des expérimentations, notamment des dîners insolites dans des lieux où on n’a pas l’habitude d’aller manger. On sélectionne un site qui est partant, puis un chef, et on associe les deux comme nous avons pu le faire au musée Lalique par exemple. Il y a aussi Col Attitude, dont l’idée fondatrice est la valeur de l’effort. Les visiteurs atteignent des sommets à vélo et découvrent de nouveaux cols. Ils ont un petit carnet à faire tamponner à chaque périple. Je gagne ma montagne, mais je peux aussi gagner mon château, avec le mapping de nuit qui rencontre un franc succès. Enfin, dernier exemple, le Slow Up, un événement d’origine suisse gratuit, mit en place pour la promotion des vins d’Alsace, l’œnotourisme et le cyclotourisme. En 2013, année de lancement du concept, nous avions fermé la route des vins pendant 10h et réuni 15 000 participants. Cette année, ils étaient 44 000.

Vous accompagnez aussi des startups…
On leur donne un coup de pouce. Parmi nos derniers succès, il y a le Rêve d’Icare qui permet de découvrir un château comme si on était un oiseau, ou Woodlight, qui invente des végétaux luminescents. Notre objectif est de créer le lien, mais cette fois entre des chercheurs et des apporteurs de solution.

L’Alsace n’a ni les plus hauts sommets ni la mer, que lui reste-t-il ?
On va à Munich pour boire une bière, à Paris pour la tour Eiffel, en Alsace, on vient pour les 5 C : La Cathédrale, les Cigognes, la Choucroute, les Colombages et la Coiffe ou le Costume. On peut même en rajouter un sixième, c’est le Chéranium (rires) ! Tout ça fait partie de notre patrimoine, les gens viennent pour le découvrir et on en profite pour leur en mettre plein les yeux avec le reste ! Par exemple le Mosa, un sous-sol street art dans la citadelle Vauban de Neuf-Brisach. Notre région offre une diversification sur les tous les plans. On peut passer en un instant de la forêt aux vignes, aux champs, aux hauteurs, aux éléments patrimoniaux, à l’Histoire, à l’Europe et on fait évidemment une halte gourmande dans de belles adresses !

Peut-on dire que le tourisme en Alsace se porte bien ?
Oui ! Bien qu’en ce moment certains élus parlent de sur-tourisme… c’est le ressenti d’une partie des populations et je ne peux pas en vouloir aux habitants de souhaiter conserver leur tranquillité. Mais il faut faire attention aux surréactions. C’est vrai, il y a quelques pointes où c’est compliqué, mais ça ne dure pas longtemps et ce ne sont pas les professionnels qui veulent moins de monde. En revanche, on peut s’améliorer sur la médiation, car la notion de surtourisme cache d’autres choses. Il faut revoir le respect des lieux, certaines clientèles n’ont par exemple pas les codes de la montagne et grimpent en baskets ou tongs, ça se travaille, et c’est beaucoup plus grave que trois poubelles qui se battent en duel pendant le marché de Noël où on n’a pas su dire « on passe plus souvent pour éviter ce ressentiment ».

Y a-t-il une nationalité qui se démarque parmi les curieux ?
Les touristes français sont toujours les premiers, puis les Allemands. Nous avons très longtemps eu les Belges qui sont encore présents, mais dépassés par les Suisses. Il y a aussi les Néerlandais, les Américains, revenus en force, un peu d’Italiens et d’Espagnols. D’ailleurs les Espagnols fréquentaient davantage les marchés de Noël allemands, mais en 2021, quand ils étaient fermés là-bas, ils étaient ouverts chez nous et on a conservé ce flot.

S’il fallait choisir un endroit à découvrir en Alsace, lequel serait-il ?
Il m’est impossible de sélectionner un seul lieu alors, je recommanderais de privilégier une ambiance. Un Biergarten ou une Winstub par exemple pour un moment festif ! Ces lieux ont encore l’esprit d’autrefois. À l’époque, dans les Winstub, il n’y avait que des bancs, vous vous retrouviez à côté de gens que vous ne connaissiez pas. On est bien obligé de trinquer et de discuter ! Ces endroits amènent une chaleur qu’on a un peu perdue. Les activités festives dans les communes sont là pour maintenir ce lien, la tarte flambée n’est qu’un support au fait de partager, plusieurs mains en même temps sur la même planchette.

Une dernière question bien plus insolite que les précédentes, votre nom n’est-il pas compliqué à porter ?
Vous êtes la première à me poser cette question (rires) ! J’ai une réponse toute faite, ce garçon est né après moi donc il me doit le respect. En revanche je n’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer ! Mais je l’avoue, il m’arrive de dédicacer des livres… à mon nom ! Je l’ai encore fait le week-end dernier et je trouve ça très drôle !

Le chiffre : 17

C’est le nombre de visiteurs – en millions – par an en Alsace.

Propos recueillis et rédigés par Lucie d’Agosto Dalibot

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