Enfant, Xavier Muller avait déjà le nez dans les vignes, mais à l’origine sa famille commercialisait surtout le raisin : « Mon père et mon oncle ont créé l’entreprise dans les années 50. D’abord en polyculture avec des vaches laitières, un peu de houblon et trois hectares de vignes. Ils ont augmenté la production viticole dans les années 80 et atteint douze hectares. Je les ai rejoints en 84, j’avais une vingtaine d’années, et nous sommes montés jusqu’à vingt-six hectares ! On récupérait des terrains sur lesquels il n’y avait plus de récolte qu’on défrichait et qu’on redynamisait », explique le producteur.
Mais à cette époque, à chaque vendange, Xavier a la boule au ventre : « Entendre des acheteurs lâcher que le raisin n’était pas assez mûr, ceci, cela, ça ne me convenait pas. En 2002, mon oncle, alors maire de Marlenheim, m’a parlé d’un terrain à vendre et m’a lancé « tu veux faire du vin ? », j’ai répondu oui, mais que je n’en avais jamais fait, et il m’a dit que c’était mon problème ». Xavier met ses hésitations de côté, il contacte un ami de longue date, Paul, plus expérimenté que lui dans la production de vin, et lui demande son aide : « Il m’a lancé que j’étais fou, mais que lui aussi, ça tombait bien », plaisante le viticulteur.
Participer aux concours : une nécessité
Au fil des années, la cave a présenté plusieurs bouteilles à différentes compétitions jusqu’à obtenir l’or aux Effervescents du Monde en 2009 pour un crémant puis l’or encore en avril 2023 pour leur Sylvaner de la cuvée Émile 2020 au Mondial des Vins blancs. « Les concours sont importants, car ils nous permettent d’avoir des retours sur nos produits. On s’est pris des claques, mais on en profitait pour réviser la copie, ça nous a fait évoluer », confie-t-il.
Issu d’une lignée de meuniers, Xavier est revenu à ses racines en achetant en 2022 un vieux moulin à Marlenheim pour développer son activité viticole et s’y installer avec sa famille. Il a entre-temps réduit ses hectares de vignes à dix-huit : « Sur demande de mes deux fils qui trouvaient qu’on avait la tête dans le guidon et qu’on ne voyait même plus nos clients », conclut Xavier dont la relève est déjà assurée !
L’info en plus
En parallèle de son exploi-tation, Xavier Muller a pris la présidence de la société à la tête de la cave historique des hospices de Strasbourg depuis trois ans.
Lucie d’Agosto Dalibot