Maxi Flash : Vous n’êtes sur TikTok que depuis deux ans. Quelle est votre histoire ?
Poopi Blh : J’ai 39 ans et je suis née à Strasbourg. J’ai une mère psychologue et un père vétérinaire à la retraite. J’ai voulu aller en fac, mais j’ai changé d’avis. J’ai commencé des études d’hôtellerie, mais j’ai arrêté. J’ai alors travaillé un temps aux Galeries Lafayette, au McDo et dans l’immobilier. J’ai fait plein de boulots. J’ai même vécu cinq ans à Paris. À 32 ans, j’ai repris la fac de psychologie. Après la licence, j’ai été diplômée, il y a eu le confinement et j’ai commencé ce que je fais actuellement. Ça serait mieux pour moi d’aller à Paris mais je n’ai pas envie. Je préfère rester ici. J’adore l’Alsace.
Dans une interview, vous disiez avoir peur des réseaux, que vous trouviez cet univers « faux ». Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
Toute ma vie, j’ai vécu des expériences, j’ai testé de nouvelles choses. Depuis toujours la gastronomie me passionne. J’ai toujours apprécié partager cette passion mais jamais sur les réseaux. J’en avais peur, je n’osais pas me lancer. J’avais honte de me montrer et j’avais peur des jugements, de ce qu’allaient penser les autres. Au deuxième confinement, alors que tout le monde s’ennuyait, j’ai découvert TikTok. Toujours dans l’optique de découvrir des choses, j’ai téléchargé l’application et je l’ai testé. J’ai appris à utiliser leur logiciel de montage. C’était si simple que je me suis prise au jeu. J’ai commencé à poster et montrer à tout le monde ce que je faisais. Au début, l’application était majoritairement composée de danses et de trends. Il n’y avait pas encore toute cette « food » comme aujourd’hui en France. Les gens ont vite adhéré. J’ai atteint le million d’abonnés en seulement six mois. Je postais huit vidéos par jour, quasiment tous les jours, pendant deux ans. C’est énorme et ça demande beaucoup de travail, mais surtout de la réflexion et du temps pour la réalisation et le montage. Je crois même qu’il y a un jour où j’ai pris 200 000 abonnés.
Vous n’avez pas changé votre personnalité pour autant, n’est-ce pas ?
Je ferai toujours ce que j’ai envie de faire et je serai toujours comme j’ai envie d’être. Je n’aime pas les gens qui mentent. Par exemple, si je fais des injections dans mes lèvres, je le dis et je le montre. J’essaie tout de même de faire attention parce que je sais que des jeunes me suivent. C’est important de faire un peu de prévention. TikTok me donne l’impression que ma parole est écoutée. Quand on dispose d’une audience importante, qui nous donne de l’intérêt, je trouve qu’il n’y a rien de pire que de faire passer un message erroné. Je suis d’accord quand les gens disent que mon compte est du divertissement. Je le revendique, et oui, il peut ne servir à rien, mais j’essaie de l’utiliser pour faire entendre des choses importantes, comme l’image que les réseaux reflètent, le problème des filtres, des jugements, etc. Au début, j’ai beaucoup été jugée et on m’a traité de tous les noms. Maintenant, j’ai envie de tout décomplexer. C’est hyper important parce que j’ai le pouvoir de la parole. Je veux essayer de passer des messages qui font du bien.
D’où provient votre amour pour la nourriture ?
Ma grand-mère cuisinait très bien, ma mère toujours encore. J’ai été éduquée dans une sphère où nous cuisinions maison avec des produits sains. C’est assez contradictoire, puisqu’aujourd’hui j’aime découvrir des plats qui ne le sont pas forcément. Petite, je n’ai jamais mangé au McDo. Aussi, on m’a toujours incité à goûter. J’ai une fascination pour la nourriture. Avant TikTok, je filmais déjà mes tests parce que j’avais peur de tout oublier un jour. Pour moi, la cuisine c’est de l’art.
À quoi ressemble votre routine de création ?
Ma routine a bien évolué. Au tout début, je n’avais que TikTok. Je me levais tôt et je réalisais huit vidéos par jour. Avec le temps, j’ai grandi, j’ai signé en agence et d’autres opportunités se sont offertes à moi. Je me suis ouverte à d’autres applications comme Instagram, Snapchat et YouTube. Je ne pouvais pas avoir quatre millions d’abonnés sur TikTok et rien sur les autres. J’ai dû apprendre à répartir mon contenu sur les différents réseaux. C’est beaucoup de travail et d’organisation. Il faut se développer et être imaginatif parce que les gens se lassent vite. Ils sont là pour du divertissement. Ils veulent rigoler ou apprendre quelque chose. Ils ne nous suivent pas uniquement « pour nos beaux yeux », même si certains sont attachés à notre personnalité.
Quelles sont vos sources de revenus ?
Sur les réseaux, il y en a plusieurs. Des applications paient, d’autres pas, comme Instagram, par exemple. Snapchat paie si le créateur accepte d’activer des publicités. TikTok paie, mais il faut respecter une charte pour que les vidéos soient monétisées, YouTube aussi. Les agences, de leur côté, nous mettent plutôt en relation avec des marques. Elles prennent un pourcentage du contrat et me versent le reste. Elles gèrent tout et me permettent de me focaliser sur mon contenu et ma communauté. En résumé : si je travaille bien et que j’ai de bonnes idées, je continuerai de plaire aux marques et je gagnerai bien ma vie.
Vous êtes apparue récemment dans Top Chef. Est-ce que d’autres passages télé sont prévus ?
Oui. J’ai remarqué que des chaînes de télé, surtout M6, font de plus en plus appel à des influenceurs. C’est une manière d’apporter un nouveau souffle. La nouvelle génération est beaucoup plus présente sur les réseaux sociaux. De mon côté, j’ai participé à « En route pour le meilleur pâtissier » sur Gulli. Ensuite, c’est Top Chef qui est venu me chercher. J’étais aux côtés de plusieurs influenceurs dans une émission spéciale. Mais je peux déjà dire que je réapparaîtrai à la télé cette année. Je ne peux rien dire de plus pour le moment. La télé, c’est un autre monde. C’est tellement professionnel. J’aime beaucoup et je me sens à l’aise quand on m’invite.
Propos recueillis et rédigés par Léo Doré