samedi 23 novembre 2024
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Rosheim – La passion tranchante de Thierry Stumpf

Thierry Stumpf, coutelier d’art, propose des stages pour concevoir son propre couteau, de la lame au mécanisme en passant par le manche. Je suis donc allée jouer l’inspecteur des travaux finis et découvrir une profession artisanale qui ne court plus les rues.

Comment trouver le repère de Thierry ? Il suffit de suivre le bruit des coups de marteau et ensuite de se laisser porter par les ondes de chaleur qui émanent des flammes de la forge.

Attention ça coupe ! / ©lda

Je suis entrée sans sonner, comme il me l’avait indiqué, et me suis retrouvée face à un grand gaillard, les mains noircies par la suie et le cigare au bec. Il doit rester concentré pour superviser deux élèves venus fabriquer leurs couteaux. L’un manie le marteau et bat une pièce rougeoyante pendant que les doigts de l’autre passent à quelques millimètres des dents acérées de la scie pour façonner un manche. « C’est génial de transmettre sa passion et de parfois créer des vocations, j’ai débuté les stages pour quelques curieux et ça a pris de l’ampleur avec 87 apprenants l’année dernière et là je suis complet jusqu’à fin juin », m’explique l’artisan en observant ses élèves.

Passionné par les chevaux, il a commencé à travailler le métal pour équiper leurs sabots, et, trop grand pour faire jockey, il a exercé comme maréchal-ferrant pendant des années. En parallèle, il bricolait des couteaux en solo à la maison et, comme cela lui plaisait, il s’est formé chez un coutelier dans la Drôme. Le dos usé par les années penché aux pieds des équidés, il a finalement décidé d’être coutelier. Thierry s’interrompt dans son histoire,
« là on est encore un peu épais, il faut que tu rallonges la lame », lance-t-il à l’un des élèves en prenant sa place devant les flammes.

Là aussi ça coupe ! / ©lda

Les étincelles sautent de toutes parts, mais les mains nues du coutelier ne vacillent pas, « on se brûle, on se coupe, mais ça fait partie du métier, je ne supporte pas de travailler avec des gants, j’ai déjà planté un poignard à 2 cm de ma botte avec la polisseuse, une autre fois un bout de fer a volé dans le plafond, j’ai vérifié que mon oreille était toujours là », me raconte l’artisan au sens de l’humour aiguisé.

Il faudra encore une journée aux stagiaires venus se frotter à l’acier pour finaliser leur précieux objet. Pour ma part, il est temps de m’en aller, je ne suis pas assez coriace pour encaisser les quarante degrés de l’atelier, et je n’ai pas envie de finir en slip, « ça ferait désordre pour les clients bien qu’en été, ça nous traverse l’esprit ! », conclut Thierry.

Lucie d’Agosto Dalibot

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