La ponctualité sera de mise. Et les quelque 15 000 spectateurs qui envahissent la cité le savent. Les rues de la petite ville sont alors livrées aux 60 chars, aux costumes, aux visages masqués et aux groupes musicaux. Cet engouement jamais démenti se renouvelle chaque année.
Sitôt la Saint-Sylvestre passée, trois cents personnes œuvrent avec fébrilité pour cette cavalcade. Il s’agit de préparer les chars, faits d’une structure métallique recouverte de papier puis de peinture, de fabriquer les costumes et de confectionner des milliers de roses en papier-crépon pour les décorer. Même l’école maternelle fabrique des roses et, pour la première fois, la maison de retraite.
La passion du carnaval fut inoculée à René dès l’enfance. Il devint tout naturellement le président de l’association carnavalesque en 1997. Né à Bischwiller, il a grandi à Hœrdt. Son père était charpentier. Sa maman, maraîchère, se rendait au marché à Strasbourg avec ses légumes saisonniers. Il garde de beaux souvenirs d’enfance liés au marché de l’ancienne gare où il se rendait avec elle, en bus spécial affrété chaque semaine pour emmener les maraîchers en ville. En mémoire de son enfance, il a créé cette année pour la première fois un petit char intitulé «La ferme enchantée» pour un groupe d’enfants à pied.
Il est marié avec Martine, de Kilstett, et ils ont deux filles. Électromécanicien de formation, il a travaillé pendant 31 ans à la raffinerie de Reichstett. Depuis sa retraite en 2019, il peut encore mieux s’adonner à sa passion du carnaval. Celui de Hoerdt est lié à la tradition des beignets (nommé herder Kiechle). On les déguste déjà au cours de la nuit qui précède Mardi gras, qui s’appelle Sperrnacht. Autrefois, les restaurants et bistrots restaient ouverts toute cette nuit-là.
René apprécie de faire la cuisine, pourvu qu’il s’y trouve seul et puisse agir à sa guise. Il prépare volontiers ces beignets, qui peuvent être précédés—comme c’est la coutume à Hœrdt—de harengs, si possible des filets de harengs vierges dits matjes, marinés à la crème, aux oignons et pommes. Ces harengs, servis avec des pommes de terre en robe des champs, se dégustent à partir du lendemain, le mercredi des Cendres, qui correspond au premier jour de carême. Les harengs auraient vertu, les lendemains de fête difficiles, de remettre en place les pensées et l’estomac. Quant aux beignets, ils ont vertu d’éveiller en nous des souvenirs d’enfance généralement heureux.
Beignets à la mode de Hœrdt (dits herder Kiechle)
Ingrédients pour 4 pers. :
- 750 g de farine
- le zeste râpé d’un citron
- 4 œufs
- 15 cl de crème
- 150 g de sucre
- 2 verres à liqueur d’eau de vie (kirsch ou marc)
- 50 g de sucre glace
1| Mélangez les différents ingrédients dans une terrine. Si la pâte n’est pas assez ferme pour être abaissée, ajoutez un peu de farine. Coupez des carrés et des losanges à l’aide d’une roulette.
2| Pour éviter que les beignets ne gonflent trop au centre et deviennent creux, René enfile un dé à coudre et l’appuie par une légère pression au centre ou à deux endroits de chaque losange de pâte. Faites-les dorer à l’huile de friture chaude.
3| Égouttez-les sur une serviette. Saupoudrez de sucre glace. Dégustez-les tièdes ou froids, sans attendre, et servez-les avec un vin blanc d’Alsace bien frais.