Irène est finement apprêtée ce soir, elle a mis du fard et du vernis, s’est coiffée et porte ses plus jolis bijoux. Gérard quant à lui a repassé sa chemise à carreaux avec soin et taillé sa barbe, ils viennent de fêter leurs noces de diamant et s’aiment toujours comme au premier instant. Leur histoire commence le 15 août 1960, un soir de bal.
Elle a l’intention d’envoyer balader un jeune qui n’est guère à son goût et qui lui demande trop souvent une danse. Lui, accompagné justement de ce fameux prétendant non désiré qui est un collègue, décide en enfourchant sa mobylette qu’il va enfin avoir l’audace d’aborder la belle qui obsède ses pensées. Dès son arrivée dans la salle, il la repère, se faufile jusqu’à elle et avant que son comparse n’ait le temps de dire ouf, il l’accoste. « Je me retourne, prête à envoyer valser l’éternel courtisan et me retrouve nez à nez avec Gérard ! ». Il a osé. Le coup de foudre est réciproque.
Qu’il parle maintenant ou se taise à jamais
Trois ans plus tard, ils se marient, le 11 janvier 1963, l’hiver le plus froid d’Alsace, « mais pas pour nous ! », glisse subtilement Gérard. Pourtant, ils sont nombreux à s’indigner de leur union. « Ce n’était pas la même époque, j’étais divorcée et de quelques années son aînée », précise Irène. « Tous étaient opposés sauf le curé qui, contre toute attente, répondait aux mauvaises langues en disant : l’amour c’est l’amour », raconte Gérard. Depuis ils vivent heureux dans la maison qu’ils se sont construite et qu’ils habitent encore à Innenheim et ont eu deux enfants. « On a toujours vécu simplement, sans courir après l’argent, on voulait profiter de la vie », explique Irène. Entretemps trois petits-enfants et déjà une arrière-petite-fille dont les photos égayent les murs du salon sont venus compléter leur bonheur.
Leur recette ? « Écouter ce que ma femme me dit », lance Gérard en ne plaisantant qu’à demi-mot. Quant à madame : « En amour il y a des hauts et des bas, mais ensemble on peut tout surmonter, il faut relativiser et savoir pardonner ».
Pour la petite histoire…
Il y a peu de temps, Irène s’est cassé le col du fémur. Placée dans un lit médicalisé, elle l’a rapidement abandonné pour retrouver sa chambre et surtout, les bras de son mari !
Lucie d’Agosto Dalibot