vendredi 26 avril 2024
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Molsheim – Handicapés, ils peignent avec leurs pieds ou leur bouche

Des peintures faites par des artistes peignant en tenant le pinceau entre leurs pieds ou dans leur bouche, c’est ce qui se cache derrière les murs de l’APBP ( Artistes Peignant de la Bouche et du Pied). Découverte.

De mes cours de dessin du lycée, il ne me reste que quelques notions de perspective qui ne suffisent malheureusement pas à différencier mes créations sur le papier des personnages bâtonnets de ma cousine de cinq ans. Alors, quand j’ai entendu parler d’une association qui commercialisait les dessins d’artistes handicapés peignant avec la bouche ou les pieds, j’ai tout de suite voulu aller vérifier par moi-même et je n’ai pas été déçue du voyage.

L’histoire de l’APBP commence avec un artiste allemand, Arnulf Erich Stegmann, qui n’avait pas l’usage de ses bras. Très jeune, il se passionne pour la peinture et fait des œuvres remarquables. Il souhaite que la chose perdure après sa mort alors en 1957, il crée l’APBP avec quinze artistes handicapés. « Pour recruter, il avait un niveau d’exigence très élevé, il demandait aux candidats de reproduire Mona Lisa et selon le degré de réussite, il disait je vous prends, il y a encore du travail ou laissez tomber », m’explique José Metz, directeur de la structure. Le niveau d’exigence est toujours aussi élevé, la maison mère ouvre le recrutement deux fois par an et en France ils ne sont « que » 23 artistes et 750 dans le monde.
Une rente à vie pour les artistes

Être artiste à l’APBP signifie qu’en plus d’avoir un talent et une volonté qui m’en bouche un coin, chacune des œuvres peut ensuite être appliquée à un objet, « on prend le motif qu’on décline sur un objet vendu en ligne », précise José Metz en me faisant découvrir une gigantesque salle où les membres de l’équipe service achat enchaînent les affaires avec à côté d’eux une série d’objets décorés des dessins d’artistes. Tasses, plaids, casquettes, il y en a pour tous les goûts. Mais faire partie des prodiges de l’association, c’est surtout se garantir un revenu à vie, même si un jour la maladie les empêche de poursuivre leurs créations. En parallèle de ce revenu, chacun est libre de vendre ses créations, « nous en avons un qui va vendre ses toiles au Touquet chaque week-end ». Les chiffres font tourner la tête, mais le directeur préfère rester discret sur ce sujet qui ne concerne qu’une élite.


Lucie d’Agosto Dalibot

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