Ferrari a longtemps hésité avant de se lancer dans l’aventure Purosangue. Il faut dire qu’il n’est jamais évident de rompre avec 75 ans d’histoire. Ce très attendu nouveau modèle est en effet le premier de la lignée rouge à s’avancer avec quatre places et quatre portes, ici sous les traits d’un SUV. La révolution copernicienne est d’ampleur. Le choix de l’appellation ne doit ainsi rien au hasard : si le Purosangue rompt avec la tradition, il fait entièrement partie de la famille – c’est un « pur-sang ».
Cheval fougueux
La pilule est un peu dure à avaler pour les puristes. Le prestigieux constructeur italien était le dernier bastion de résistance aux règnes sans partage des carrosseries surélevées. Ferrari ne pouvait pourtant pas se couper d’un tel marché. Qu’utilisent les possesseurs d’une SF90 ou d’une F8 lorsqu’ils souhaitent se déplacer avec une voiture moins radicale ? Le plus souvent en SUV bien sûr. Pour ne pas trop s’éloigner de son ADN, l’Étalon noir n’a toutefois pas fait les choses comme les autres.
Ce Purosangue est fougueux, comme en témoignent ses portes antagonistes ou son style époustouflant. Ferrari a réussi à faire un savant mélange entre la Roma et la 296, tout en jouant sur les volumes. Le SUV n’a, par exemple, pas de calandre, remplacée ici par un jonc noir laqué. L’éclairage avant à deux étages donne à la signature lumineuse des airs d’animal intriguant. Le style sportif est marqué par l’immense travail réalisé sur l’aérodynamisme. On note ici les pontons au sommet des ailes avant, là les guides d’air sur les passages de roue, le becquet de toit ou encore le spoiler sur le coffre et l’imposant diffuseur arrière.
Un V12 de concorde
Toujours dans un esprit d’apaisement avec les puristes, Ferrari n’a pas tenté le diable lorsqu’il s’est agi de choisir la motorisation. C’est l’emblématique V12 atmosphérique, unique sur ce segment, qui a été retenu. Le constructeur italien a préféré passer son tour en ce qui concerne l’hybridation ou l’électrification. Ce bloc 6,5 l à injection directe est la dernière évolution du douze-cylindres maison F140IA. Le monstre peut compter sur 725 ch à 7 750 tr/min et jusqu’à 716 Nm de couple à 6 250 tr/min. Plus de 80 % du couple est disponible dès 2 100 tr/min.
L’architecture est intéressante : le moteur est placé à l’avant, tandis que la boîte de vitesses automatique double embrayage à huit rapports est située à l’arrière pour une parfaite répartition des masses (49/51). Les quatre roues sont motrices et directrices. Malgré l’intense recours à l’aluminium et au carbone, le Purosangue pèse plus de 2 t. Cela n’empêche pas le V12 de le propulser en 3,3 s de 0 à 100 km/h et en 10,6 s à 200 km/h avec une vitesse de pointe à 310 km/h.
Le Purosangue allie ainsi parfaitement le confort d’un SUV – quatre sièges baquets indépendants, instrumentations numériques, régulateur de vitesse intelligent, aide au maintien dans la voie, alerte de franchissement de ligne, surveillance des angles morts et même détecteur de fatigue, système audio à tweeters à rubans (une première mondiale), Android Auto et Apple CarPlay – et la radicalité d’une Ferrari. Pour faire main basse sur ce joyau, il faudra tout de même débourser 390 000 €. Le prix du sang, sans doute.