Vous n’aviez pas encore cinq ans lorsque votre père a fondé l’entreprise. Pourquoi ne pas l’avoir rejoint directement à votre majorité ?
Le métier d’agriculteur a toujours été ma passion, dès lors que mon père a lancé l’activité à la fin des années 90. D’ailleurs, l’agriculture est une histoire de famille. Auparavant, mon grand-père avait déjà une petite structure, avec quelques hectares de vignes. Après le collège, j’ai été diplômé du lycée agricole d’Obernai. Ensuite, j’ai fait le choix de quitter la filière agricole pour me lancer dans autre chose : la boucherie-charcuterie. Quand les bouchers venaient pour s’occuper de nos bêtes, j’étais toujours impressionné. J’ai pris cette décision au moment où ma famille a décidé de se lancer dans la vente directe de viande. C’est une voie qui m’intriguait. J’ai suivi un apprentissage durant trois années. J’étais en poste à Marlenheim. Je me suis perfectionné en vente dans une grande surface pendant deux ans, au Super U de Molsheim. Enfin, un poste m’a été proposé dans le magasin de producteurs Rothgerber, à Traenheim, aux côtés de Thierry Schweitzer, lui-même éleveur et charcutier. J’y suis resté six ans. Après une dizaine d’années dans cette voie et alors que mon père venait d’annoncer sa retraite, j’ai fait le choix de rejoindre l’exploitation familiale, où j’ai pu mettre mes connaissances à profit.
L’exploitation est née en 1996, mais votre père, Bruno, a fait le choix de se concentrer sur les vaches limousines en 1998. Pourquoi ce choix ?
L’exploitation a toujours regroupé l’élevage et la polyculture. Nous produisons des céréales sur 40 hectares pour nourrir nos bêtes, mais aussi du raisin sur 12,5 hectares, pour le compte de la Cave du Roi Dagobert. À la fin de l’été et au début de l’automne, nous avons beaucoup de travail à cause des vendanges. Ainsi, élever des vaches limousines semblait arrangeant, dans le sens où elles sont relativement autonomes lors de leurs vêlages à l’automne, période durant laquelle elles ne nécessitent que très peu d’attention.
Ce troupeau, parlons-en !
Nous disposons d’un cheptel de 160 bêtes, dont 65 mères limousines et leurs suites. Six mois de l’année, les vaches sont en extérieur, sur nos 80 hectares de prairies dans les villages environnants. Près de 60 % de la viande de nos animaux est vendue en direct, sous forme de colis à la ferme ou en ligne, au magasin Le gaveur du Kochersberg de Woellenheim, ou encore dans quelques supermarchés Match. Les 40 % restants sont vendus à un marchand. De plus, le troupeau est inscrit au herd-book limousin. Cela signifie que nos animaux sont de pure race. Les mâles sont vendus en boutard, une fois sevrés, soit à un marchand, soit à un engraisseur. Nos cinq meilleurs sont conservés sur l’exploitation pour être revendus à d’autres éleveurs pour la reproduction. Tous nos taureaux sont issus du berceau de la race, de la station d’évaluation de Lanaud.
L’agriculture a été beaucoup impactée ces dernières années : hausses des coûts de production, hausse des prix à la vente, concurrence internationale, crises… Quels sont les défis à relever pour votre exploitation, mais aussi pour le monde agricole ?
Nous faisons face à beaucoup de concurrence déloyale de la part d’autres pays uropéens. Nous proposons des produits soumis à de nombreuses réglementations, de très bonne qualité, à un certain prix. Malheureusement, d’autres injectent des produits de plus mauvaise qualité sur le marché, à un prix baissé, et cela nous fait de l’ombre. Nous aimerions bien avoir des prix, et non pas des subventions. L’idée est d’être payé à sa juste valeur. C’est le seul métier où l’on vend quelque chose, mais on ne sait pas à quel prix. Ça fluctue trop. Pourtant, la baguette augmente tous les ans. Il y a un réel problème.
Vous faites partie des JA, Jeunes agriculteurs du canton de Wasselonne. Quel est votre rôle et quelle est l’actualité de l’association ?
Notre canton est très actif. Nous sommes une grosse cinquantaine de membres. 80 % sont exploitants ou fils d’exploitants. Les 20 % restants sont des salariés, ou des personnes qui travaillent dans le monde agricole de manière générale. Pour ma part, je fais partie du bureau de l’association. Nous organisons trois à quatre événements par an, comme le bal d’hiver, les traditionnelles journées portes ouvertes durant l’été, ou encore diverses prestations pour des marques ou des entreprises. Autrement, les JA donnent de la voix dans la sphère politique. Nous nous rendons en manifestations, aux côtés de la FDSEA (la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles).