Anne-Laure Bondoux sait raconter les histoires. En 2017, elle décide de nous amener vers une aube grandiose inoubliable. Une claque. Ici, elle revient sur ce thème qui lui est cher, celui des liens du sang et des secrets de famille. Après s’être penchée sur le lien mère-fille, elle vient dans ce nouvel opus explorer la lignée masculine. Avec l’histoire des Balaguère, elle traque et met à nu le poids des non-dits des adultes d’hier qui étouffent les enfants d’aujourd’hui. Quatre générations vont se succéder, avec leur lot de secrets de famille et de trahisons et à travers elles, c’est toute l’histoire du XXe siècle qui se déroule sous nos yeux. Tout commence en 1914 dans la ferme Les chaumes. Les guerres s’enchaînent, le monde tremble, la société évolue, et tout finira un siècle plus tard au même endroit. Dans cette histoire, il est question d’interroger les liens et de retracer le chemin de ces hommes qui d’une manière ou d’une autre se sont heurtés à la violence des guerres, du monde, de leur existence intime et qui par peur ou par pudeur se sont tus, laissant un héritage de plaies béantes.
Comment construire une vie, emprisonné par le poids des secrets de famille ?
Telle est la question fondamentale du récit. On suit ces destins d’hommes happés par les orages de leurs existences et de cette foudre qui par les secrets véhiculés frappe toujours trop fort. Comment alors faire fi de ce qui bouillonne en soi et s’extirper de ce qui ronge ?
Peut-être faut-il avoir le courage d’affronter les tempêtes afin de donner voix à ce qui a été, en cessant de craindre la mouvance et la fragilité de ce qui a précédé. La vie ne peut se contenter de petits arrangements, c’est ce que l’autrice nous rappelle dans ce récit qui vient questionner ce que nous sommes dans ce rapport souvent douloureux à notre héritage familial. Anne-Laure Bondoux livre un magnifique récit et questionne avec talent les parts enfouies en chacun de nous.
Isabelle Arnould