dimanche 24 novembre 2024
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Laurence Muller-Bronn – Les convictions

Guide conférencière de métier, Laurence Muller-Bronn est une Nantaise tombée amoureuse de l’Alsace pendant ses études. Elle n’est jamais repartie et a été adoptée depuis. D'abord adjointe au maire de Gerstheim puis maire, elle a aussi été conseillère générale du canton d’Erstein et vice-présidente du département. Sénatrice depuis trois ans, elle a accepté de dévoiler un petit bout d'elle-même et de ses valeurs.

Vous n’avez aucune formation politique et pourtant vous êtes sénatrice aujourd’hui, pourquoi ?

Laurence Muller-Bronn : Je me suis intéressée à la vie communale de Gerstheim parce qu’il n’y avait pas de structure périscolaire et je voulais que les femmes puissent aller travailler sans faire de concessions. Alors en 2001 je suis devenue la première femme adjointe au maire pour faire bouger les choses, puis j’ai été élue maire sur la commune en 2014 et réélue en 2020. En parallèle, je suis devenue conseillère générale du département du Bas-Rhin en 2015 avec mon binôme, le maire de Sand, Denis Schultz, et vice-présidente du conseil départemental, puis à nouveau au scrutin de 2021. Le 1er octobre 2020, je suis devenue sénatrice, on m’avait déjà sollicité plusieurs fois, mais à l’époque ma vie en tant qu’élue locale me convenait très bien. Les aléas dans ma vie personnelle m’ont fait prendre conscience qu’il me fallait une bouffée d’oxygène, je devais voir autre chose, mes enfants m’ont encouragée alors j’ai accepté de suivre André Reichardt parce qu’il prônait la défense de l’Alsace. Je n’ai pas pris de parti politique, mais je suis de droite, apparentée aux Républicains.

Comment s’est passée cette transition pour vous, de Gerstheim à Paris ?

LMB : Je n’avais pas préparé tout ça, donc j’ai tout découvert au fur et à mesure. Je suis passionnée par ce que je défends et intéressée par tout, bien que parfois marginalisée parce que je suis en décalage sur certaines idées, mais ce sont mes convictions. Pour moi, le courage est une valeur publique et j’ai mis le mien au service des gens. Être sénatrice ne m’empêche pas de rester connectée à la réalité du territoire, de terrain, bien au contraire ! Je rencontre les Alsaciens et porte une parole sincère qui doit arriver jusque dans nos hémicycles nationaux.

Laurence Muller-Bronn en vadrouille avec son fils. / ©Dr

Quel est le quotidien d’une sénatrice ?

LMB : Je suis affiliée à la commission aménagement du territoire et développement durable, mais on peut se saisir de n’importe quel sujet, les sénateurs sont des législateurs, nous construisons la loi. À la télévision on ne voit que l’hémicycle vide, mais c’est normal, il n’est plein qu’en plénière, autrement c’est selon les sujets, je ne vais pas me joindre à un débat à propos d’un sujet sur lequel je n’ai pas travaillé. Donc dans ces moments, nos journées sont consacrées à des auditions et réunions de commissions d’enquête, il y a des groupes d’études, on est sollicité par des personnes qui demandent des rendez-vous que ce soit à Paris ou en Alsace, etc.

Les causes qui vous tiennent à cœur ?

LMB : Je suis très sensible aux sujets de société et régionaux, notamment la sortie de l’Alsace du Grand Est. J’ai porté un amendement sur l’enseignement de l’alsacien en immersif dans l’école publique qui est passé à l’Assemblée Nationale et à la rentrée on devrait avoir
quatre classes en alsacien immersif dans le public. J’ai aussi été identifiée pendant la crise sanitaire, puisque j’ai demandé la non-existence du pass sanitaire puis du pass vaccinal et la non-vaccination de masse, mais plutôt une approche individualisée et prudente parce qu’on se dirigeait dans quelque chose qui montait les Français les uns contre les autres, pour moi c’était un encouragement à la discrimination. Le gouvernement a fracturé le pays, angoissé les gens et continue dernièrement avec une réforme des retraites non aboutie.

Quelle est votre position sur cette question inévitable ?

LMB : Je trouve que cette réforme n’est pas venue au bon moment, elle pénalise les populations qui travaillent et ne règle pas les problèmes, il fallait d’abord une réforme du travail, du chômage et ensuite des retraites. De plus, les femmes sont les grandes perdantes, car cette réforme ne tient pas compte de la particularité de leur vie. J’ai des positions qui ne sont pas celles de mon parti ou du gouvernement, mais je peux argumenter mes idées, pour moi c’est une fausse bonne solution.

Et en famille ! / ©Dr

D’autres sujets à traiter dans les prochains temps ?

LMB : Il y en a tant, je ne suis pas écolo, mais je suis attachée à mes paysages, à la nature, alors on peut parler forêts, rivières et énergies hydrauliques, les sujets sont très variés et c’est ça qui est complexe dans le travail d’un législateur. Il faut, pour avoir un jugement réaliste, savoir s’immerger rapidement pour passer d’un sujet à un autre. J’avais déjà acquis cette polyvalence quand j’étais guide, et encore plus une fois maire. Je suis intervenue il n’y a pas longtemps sur un sujet qui me préoccupe fortement : le transgenre et le wokisme qui infiltre les écoles et qui pousse certains enfants mineurs à subir des interventions chirurgicales. J’argumenterai mes positions à ce propos et ne souhaite pas être étiquetée pour autant, car là on attaque quelque chose de très grave. Les différences et le mal-être existent, mais ne vaudrait-il pas mieux que cette jeune minorité soit accompagnée par le milieu médical plutôt que de pratiquer des solutions chirurgicales irréversibles? « Tu n’es pas bien dans ta peau ? Tu n’es pas dans ton genre », n’est-ce pas une forme de propagande où la jeunesse en pleine création identitaire est prise pour cible? Devons-nous nous courber face au lobbying tendance de lachirurgie ? Devons-nous baisser les bras et prendre le risque de rendre des gens sains malades ? Mon but, ce serait d’empêcher toute intervention avant 18 ans.

Changer le monde ne se fait pas en un claquement de doigts, surtout en politique, c’est frustrant ?

LMB : Bien sûr ! Quand les échanges n’aboutissent que partiellement ou trop peu, il y a de grandes déceptions (comme dans le cas de la réforme des retraites). Pourtant nos avis doivent être exprimés pour représenter ceux qui nous ont élus. Mon travail est chronophage, mais il me plaît et me fait apprendre beaucoup de choses. Je regrette juste de ne pas avoir plus de temps pour lire, mais en attendant je me balade, je profite de ma famille et de notre incroyable gastronomie !

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