lundi 17 novembre 2025
AccueilÀ la uneChristophe Klein - À l’affût du beau

Christophe Klein – À l’affût du beau

Depuis son jardin d’Altorf et jusqu’aux forêts du piémont vosgien, Christophe Klein, 61 ans, n’a jamais cessé de guetter, d’observer et de filmer la vie sauvage. Vidéaste animalier, il pratique l’affût depuis plus de quarante-cinq ans, toujours avec la même passion et un profond respect pour les écosystèmes qu’il connaît par cœur. Des dizaines de films, centrés sur la nature et les animaux, ont déjà vu le jour. Lauréat à plusieurs reprises du Concours international de films amateurs de Namur, ce défenseur engagé de la faune alsacienne s’apprête aujourd’hui à rendre hommage à « sa » forêt de Birckenwald, à travers un documentaire intitulé Éternelle Birckenwald.

Quels sont vos premiers souvenirs avec la nature ?

Je suis né, j’ai grandi et je vis encore à Altorf, au milieu de la nature. Petit, avec mon frère, nous allions pêcher dans le bras d’Altorf qui coule dans le jardin de la maison familiale, dans laquelle j’habite toujours. En grandissant, j’allais me balader autour du village à vélo. Je découvrais les environs, j’observais la nature, j’apprenais.

Avant la vidéo, vous vous êtes d’abord intéressé à la photo…

Effectivement. À 14 ans, lors de ma seconde communion, j’ai reçu mon premier appareil photo argentique. Je l’emmenais durant mes balades. J’ai très vite commencé à capturer la nature et à produire des diaporamas. Je me suis notamment focalisé sur la forêt de Birckenwald, collée à Altorf, où j’ai découvert d’innombrables richesses. J’ai suivi son évolution au fil des années. Dorénavant, je la connais par cœur. Je connais tous ses recoins secrets.

Un grand coq de bruyère, photographie dans les Pyrénées, sujet du dernier film de Christophe présenté à Namur. / ©Christophe Klein
Pourquoi avoir commencé à filmer ?

À l’affût des dernières sorties technologiques depuis des décennies, j’ai décidé d’acheter une caméra. Au fur et à mesure, j’ai commencé à filmer, plus que de photographier. Je suis devenu vidéaste, plus que photographe. Pour moi, la vidéo est le meilleur moyen de raconter une histoire. Mon premier film, Fuchxy et Roxy, est sorti en 2007. J’y raconte l’histoire de deux renards qui se rejoignent sur un tas de foin. Ensuite, des dizaines d’autres films ont vu le jour. Aujourd’hui, je filme avec un Canon R6, en 4K. J’ajoute des voix off sur mes vidéos, en français ou en alsacien.

Vous évoquiez vos films. Certains ont été primés. Quel est votre palmarès ?

Dès que j’ai commencé à créer des films, j’ai voulu les montrer. Je participe très souvent au Concours international de films amateurs de Namur, en Belgique. En 2023, j’ai décroché le prix Francis-Staffe pour L’affût, addiction ou thérapie ?. L’année d’après, face à plus de
1 000 candidats du monde entier, j’ai obtenu le prix « Ciné Solo » – pour les réalisateurs qui font tout eux-mêmes de A à Z – pour Jusqu’ici ma relation avec les cerfs, un film tourné dans les forêts du piémont vosgien. Cette année, j’ai concouru avec Un tango pour les rousses, centré sur les coqs de bruyère, aussi appelés Grand Tétras. J’ai pu observer ces gros gallinacés lors de plusieurs expéditions dans les Pyrénées. Le film n’a pas été retenu, mais ce n’est pas grave. Le niveau y est très élevé. C’est déjà un honneur d’avoir remporté deux prix deux années de suite.

Je fais le maximum
pour ne pas déranger
les animaux.

Vous pratiquez l’affût photo-graphique en milieu naturel depuis plus de 45 ans. Comment procédez-vous ?

Dans le film L’affût, addiction ou thérapie ?, je détaille ma philosophie. En photographie, un affût est une cachette camouflée, à rejoindre avant le lever du soleil, pour ne pas être détecté par les animaux. Parfois, des humains passent à côté de moi et ne me remarquent même pas. Je peux y rester plusieurs heures à attendre dans le silence qu’un animal apparaisse. Les endroits qui fonctionnent le mieux, c’est où il y a le moins d’activité humaine. Quand je pénètre dans les bois pour observer et filmer, je fais le maximum pour ne pas déranger les animaux. Ainsi, je peux observer et filmer tous types d’espèces (oiseaux, rapaces, grands hamsters d’Alsace, cervidés en tout genre, sangliers), mais aussi repartir bredouille. L’inattendu, c’est la véritable récompense.

Quels sont vos projets ?

J’en ai plusieurs en cours. Le plus important est sûrement le documentaire de 50 minutes centré sur la forêt de Birckenwald. J’ai déjà compilé 26 minutes. J’utilise de vieilles images, avec des espèces disparues, mais aussi des images récentes. J’aimerais encore intégrer des interviews de personnalités marquantes, bien placées pour s’exprimer sur le sujet. Ce film, ça sera un peu un hommage à la forêt qui m’a vu grandir. Il s’appellera Éternelle Birckenwald et il est encore en élaboration.

Le courlis cendré, un oiseau presque disparu en Alsace, capté entre Dachstein-Gare et
Ernolsheim/Bruche. / ©Christophe Klein
Comptez-vous à nouveau diffuser vos films ?

Les dernières diffusions étaient des succès. J’aime beaucoup ce contact avec les gens. Je suis heureux de voir leurs regards émerveillés. Les montrer, c’est aussi un excellent moyen de sensibiliser par l’image, de faire de la pédagogie. J’en diffuserai plusieurs le 25 novembre à l’espace Saint-Laurent de Wasselonne.

Actif dans la nature depuis plus de 45 ans, vous avez vu l’environnement se dégrader. Êtes-vous investi pour la défense de l’environnement, en complément de tous les films que vous avez produits ?

Effectivement, j’ai été un témoin direct de la dégradation de l’environnement. J’ai vu des espèces disparaître – ou presque -, comme le courlis cendré qui a eu droit à son film en 2017, mais aussi la cigogne noire, qui se fait de plus en plus rare. Je suis membre actif de plusieurs associations de protection de la nature telles que Haies vives d’Alsace, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ou encore Alsace Nature. Toutes mes observations vidéo et photo sont mises à disposition des associations.

ARTICLES SIMILAIRES
- Publicité -

LES PLUS POPULAIRES