Dans Quatre jours sans ma mère, Ramsès Kefi raconte un séisme intime qui bouleverse une famille et tout un quartier, où la disparition d’une mère agit comme un électrochoc. Un matin, Amani, soixante-sept ans, s’éclipse sans prévenir, laissant derrière elle son mari Hédi et leur fils Salmane. Quelques mots griffonnés suffisent : « Je dois partir, mais je reviendrai. »
Pour le père, c’est l’incompréhension ; pour le fils, un bouleversement inattendu. Ce trentenaire installé chez ses parents, englué dans une routine sans relief, découvre soudain la fragilité d’un quotidien qu’il croyait immuable. Le décor, c’est la Caverne : une cité de sept tours en bordure de forêt. Loin des clichés, Ramsès Kefi en fait un véritable personnage. On y entend battre la vie des voisins, les rumeurs qui courent plus vite que les vérités, les solidarités discrètes autant que les lassitudes. Sur ce terrain familier, l’absence d’Amani résonne comme une faille qui met chacun face à ses manques.
Le roman avance sans pathos ni grands effets, mais avec une écriture claire, précise, attentive aux détails : un geste arrêté, un silence qui en dit long, une alliance soudain ôtée. À travers Salmane et Hédi, l’auteur explore les blessures tues, la difficulté des hommes à dire, la place invisible des mères. Et, en filigrane, il interroge ce qui se cache derrière les origines enfouies, les identités qu’on tait et qui finissent toujours par revenir.
C’est un récit de proximité et d’émotion, où l’on retrouve la tendresse pour les personnages, même les plus cabossés, et un regard lucide sur la vie de quartier. Quatre jours sans ma mère transforme une fugue maternelle en quête de vérité et en déclaration d’amour aux invisibles. Un texte simple et fort, qui donne envie de continuer à suivre Ramsès Kefi.
Isa sur Insta : lodyssee_des_mots
