Derrière ses 127 666 hectares de forêts profondes, de collines gréseuses et de villages de caractère, le Parc incarne une ambition forte, impulsée par le Général de Gaulle en 1967 : concilier l’éveil des consciences environnementales avec le développement rural, pour que le territoire soit à la fois vivant et protégé. Une vision pionnière, toujours d’actualité dans ce monde en quête d’équilibre.
Né en 1975 et classé parmi les dix premiers Parcs naturels régionaux de France, le PNR des Vosges du Nord regroupe aujourd’hui 111 communes : 74 dans le Bas-Rhin et 37 en Moselle. Depuis sa création, il n’a cessé d’innover : labellisé Réserve de biosphère par l’UNESCO en 1989, il est devenu en 1998 une réserve transfrontalière franco-allemande, en lien avec le Naturpark Pfälzerwald. En 2018, il obtient le prestigieux label Liste Verte de l’UICN. Entre les réintroductions de lynx, le retour de la cigogne noire et du castor ou les projets de sauvegarde d’espèces menacées, les Vosges du Nord sont devenues un véritable laboratoire à ciel ouvert.

Des initiatives en bouquets
Le Parc foisonne d’actions concrètes au service de la nature et de ceux qui l’habitent. Parmi les plus emblématiques, la Réserve naturelle nationale des rochers et tourbières du Pays de Bitche, créée en 1998, modèle de cohabitation entre préservation et participation citoyenne. Dès 2010, la suppression de seuils sur les rivières a permis de restaurer la libre circulation des poissons. Et depuis cette année-là, les prairies fleuries sont mises à l’honneur lors du Concours général agricole, saluant le travail des agriculteurs engagés dans l’agro-écologie.
Côté culture, le Parc orchestre depuis vingt ans le célèbre festival Au Grès du Jazz. « Quand le festival a connu des difficultés qui auraient pu mettre en péril son existence, l’implication du Parc a été déterminante pour pouvoir poursuivre l’aventure », assure Christian Débat de l’association Au Grès du Jazz. Sans oublier le réseau REEVON, né en 2014, qui rassemble tous les acteurs de l’éducation à l’environnement pour sensibiliser petits et grands à la richesse du vivant. Autant de preuves qu’ici, développement durable rime avec action collective.

©PNRVN
Une forêt préservée
Au fil des décennies, la forêt – qui couvre 70% du territoire – est restée un pilier de la charte du PNR des Vosges du Nord. Un partenariat pérenne avec l’ONF ainsi qu’une mobilisation forte des élus et des associations ont permis l’arrêt des coupes rases en forêt publique : une avancée majeure pour une sylviculture plus durable.
L’extension des zones de libre évolution marque également un tournant : plus de 1900 hectares sont aujourd’hui volontairement laissés à la nature. Les arbres vivent leur cycle complet, le bois mort s’accumule, et des habitats rares se forment, indispensables à la survie d’espèces sensibles.
« Ici, la gestion forestière est plus respectueuse de la nature grâce à une bonne relation avec les professionnels du bois. Il faut poursuivre dans cette voie et préserver également une agriculture favorable à l’environnement avec de vrais corridors écologiques », rappelle Yves Muller, président de la LPO Alsace.
Mais préserver, c’est aussi valoriser. Le PNR des Vosges du Nord a ainsi vu émerger 28 musées et équipements, qui s’ajoutent aux 122 monuments historiques et aux 40 châteaux forts : depuis 2021, celui de la Petite-Pierre dispose d’une boutique mettant en valeur des artisans créateurs.

Quelle nature pour demain ?
À l’aube de ses 50 ans, le Parc naturel régional des Vosges du Nord entre en révision de charte : un nouveau cap à tracer, un horizon à imaginer collectivement pour les quinze prochaines années. Comment concilier accueil de nouveaux habitants, protection de la biodiversité, résilience des forêts, développement des énergies renouvelables et maintien de la qualité de vie dans nos villages ? Comment redonner une vraie place aux jeunes, à la culture, à l’agriculture paysanne, à la pédagogie, à l’innovation ? Et si l’intelligence collective – celle qui se tisse entre citoyens, élus, artisans, agriculteurs, scientifiques, enfants et anciens – était notre plus belle ressource ?
« Plus de 1900 hectares sont aujourd’hui volontairement laissés à la nature. Les arbres vivent leur cycle complet, le bois mort s’accumule, et des habitats rares se forment, indispensables à la survie d’espèces sensibles »