lundi 9 juin 2025
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Kylian d’ Anne Akrich

Le roman d’Anne Akrich est une plongée brute et brillante dans le chaos d’une femme qui tente de se reconstruire avec les mots. Éditions Gallimard.

Ce roman s’intitule Kylian, mais ne vous y trompez pas : ce n’est pas une biographie du roi du but. Le nom de Mbappé apparaît, mais il sert surtout de point de départ à une histoire bien différente : celle d’une femme en plein bouleversement. La narratrice, écrivaine fantôme, accepte d’écrire la biographie du champion. Elle espère que ce projet l’aidera à remettre de l’ordre dans sa vie, qui semble partir en morceaux : ses finances sont instables, sa carrière piétine, elle est mère et souvent dépassée, et elle doute de sa capacité à écrire pour elle-même. Mais le projet dérape rapidement. Au lieu d’enquêter sur Mbappé, elle erre dans sa ville natale, Bondy. Elle reporte les entretiens, boit pour oublier, et laisse ses doutes envahir le récit. Peu à peu, le livre devient autre chose : un portrait intime de cette femme qui tente de garder la tête hors de l’eau.

Kylian n’est pas une autofiction au sens classique ni un roman traditionnel. C’est un texte libre, mouvant qui suit les pensées de la narratrice, ses hésitations, ses échecs, ses sursauts. Anne Akrich écrit avec lucidité, parfois avec ironie, toujours avec justesse. Elle montre comment les femmes doivent souvent tout gérer à la fois — le travail, les enfants, l’image d’elles-mêmes — et comment cette pression peut faire vaciller. Malgré les moments de faiblesse, la narratrice ne lâche pas complètement prise. Elle doute, elle chute, mais elle continue à écrire. Et c’est dans cette persistance fragile que le livre trouve sa force. L’humour est là, discret, mais mordant. On sourit souvent, on se reconnaît parfois. Ce roman parle de solitude, de création, des coulisses du monde de l’édition, mais surtout de cette conviction que la littérature peut encore aider à tenir debout.

Kylian n’est donc pas un livre sur un joueur de football. C’est un roman sur le fait de continuer quand tout semble s’effondrer. Sur le besoin d’écrire, même quand on ne sait plus pourquoi. Sur la vie des femmes qui avancent tant bien que mal, souvent fatiguées, mais encore debout. Parce qu’elles croient, au fond, que les mots peuvent transformer le chaos en quelque chose de beau.

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