lundi 10 mars 2025
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Nathalie Kaltenbach – Par maire et par terre

La vie politique commence pour vous au conseil municipal de Barr en 2008, mais quel a été votre parcours professionnel ?

J’ai fait un DUT techniques de communication à Illkirch, je me suis éclatée, c’étaient de beaux projets, un bon relationnel avec les entreprises. J’ai poursuivi à l’ISEG à Strasbourg, où j’ai eu un diplôme de commerce international. J’ai commencé à travailler dans une société de conseil allemande pour mettre en place SAP, un progiciel de gestion. J’ai fait toute ma vie professionnelle sur SAP, chez Lilly France, Hager, cela me permettait de bouger et d’associer les côtés RH et commercial.

Est-ce que vous parliez politique avec vos parents, envisagiez-vous d’être maire un jour ?

Pas du tout ! J’étais impliquée dans le milieu associatif, et quand la parité est arrivée en 2015 pour les départementales, il a fallu trouver une femme. Bernard Fischer, mon futur binôme et maire d’Obernai, m’appelle un jour pour échanger, et je prends l’ampleur de la chose. La fonction que je pourrais occuper, c’est celle d’Alfred Becker, le conseiller général qui était connu et apprécié de partout chez nous, waouh ! Et je vois encore la réaction de mes parents, mon père cheminot, ma mère femme de ménage, quand je leur ai annoncé, mon père a dû s’asseoir ! À l’époque aussi, j’avais posé la question du temps que ça allait me prendre, j’étais mariée, avec deux filles… On m’a dit deux jours par semaine, sauf que ça ne marche pas comme ça ! Et en fait, cela m’a sauvée !

L’élue dans ses fonctions de maire, le 11 novembre ou pour le label Ville européenne du sport 2025 décerné à Barr. / ©Dr
Vous aviez besoin de changement ?

C’était un peu la crise de la quarantaine et ça m’a redonné du Luft—je le dis en allemand, c’est plus approprié, de l’oxygène quoi. Je commençais à me lasser de mon activité qui devenait pécuniaire, c’était une boîte à cash. C’est une question de sens, j’avais envie de servir.

Qu’avez-vous géré en tant que conseillère départementale en 2015 ?

J’avais en charge le patrimoine castral, avec une partie tourisme et archéologie aussi. Il y avait déjà une vitalité associative, l’Alsace était citée en modèle, mais on a développé le lien avec les associations, les services de l’État, la DRAC, etc. On a organisé la filière, c’était ma fierté du premier mandat.

« On n’arrête pas le week-end, et quand on est passionné, on ne compte pas »

Puis votre deuxième mandat vous amène à la présidence d’Alsace destination tourisme en 2021. Concrètement, quel est votre rôle ?

Le rôle d’une présidente, c’est de faire fonctionner une agence et donner des orientations, par exemple, c’est quoi le tourisme de demain ? Je suis très présente à l’ADT, je me rends à des tables rondes, des ateliers, des formations… Mais le tourisme ne se fait pas dans les bureaux, mais en déplacement dans les endroits qu’on veut valoriser. On travaille avec les offices de tourisme (OT), les hôteliers, l’UI (union internationale des Alsaciens), le Civa et le Synvira pour les vins, les brasseurs, le cyclotourisme, toutes les filières qu’on anime. Et on a aussi des rencontres nationales, chacun s’inspire, on travaille sur ce tourisme de demain qui subit de nombreuses mutations.

Quels ont été les thèmes récemment abordés pour développer le tourisme en Alsace ?

Un des sujets abordés en février avec les partenaires et les chefs de file—la CCI, le Club vosgien, l’OT de Strasbourg et sa région…—a été le tourisme durable et les engagements autour de l’eau dans les établissements touristiques. On accompagne tous les projets de spas, pour qu’ils soient durables en termes de consommation d’eau ou de chaleur… Autre exemple, les marchés de Noël : notre rôle, ce n’est pas de les organiser, mais de préparer le tourisme de demain. Pourquoi les gens viennent-ils ? Parce qu’il y a des places pour se garer, que le vin chaud est bon, etc. Les OT sont des partenaires essentiels et nous coordonnons les actions, communiquons, faisons le bilan… Il y a 34 OT en Alsace, et ma volonté est de travailler aussi bien avec les techniciens que les élus.

L’Alsace s’en sort-elle bien au niveau du tourisme ?

L’Alsace est souvent citée, comme dans le dernier sondage Airbnb, et elle fait figure de modèle en termes d’œnotourisme. De par l’ADT, je suis devenue vice-présidente de la fédération nationale Vignobles et découvertes qui valorise l’œnotourisme. On travaille sur un événement où on va embarquer toutes les régions. Et je suis également présidente d’Iter vitis, un itinéraire culturel européen autour du vin.

À quoi ressemblent vos journées ?

Je jongle entre mes différents mandats. Les gens s’imaginent qu’on répartit notre travail sur 35h, mais je pense qu’on est au-delà de 70h par semaine, parce qu’on n’arrête pas le week-end, et quand on est passionné, on ne compte pas ! Pas une journée ne se ressemble, c’est intéressant, mais difficile, on change de sujet toutes les deux heures. C’est une grosse gymnastique de l’esprit, certains soirs on ne sait plus comment on s’appelle.

Vous reste-t-il du temps pour une passion, un loisir ?

C’est ça ma passion ! C’est compliqué quand on a une vie de famille, je dis souvent que je suis une mère indigne, mes enfants sont ma priorité, je les aime, mais quand on est élu, on est investi. Je faisais beaucoup de sport avant, de la danse africaine, j’ai été 36 ans dans une association de twirling, et la première formatrice diplômée en twirling d’Alsace ! Aujourd’hui, les seules fois où j’ai un peu de temps, je me mets sur le canapé.

Revenons à Barr, quels projets avez-vous concrétisés depuis 2020 ?

Deux sujets palpables sont le déploiement de la vidéoprotection et l’éclairage LED. Mais l’objectif principal, c’est l’attractivité du centre-ville, avec la volonté de redynamiser la rue commerçante. C’est un pari réussi à court terme, mais nous espérons surtout que cela s’inscrive dans la durée. Nous voulons aussi remettre à l’honneur la capitale viticole, et que l’on connaisse nos habitants, qu’on fasse le lien avec les associations… Nous avons mis en place un conseil municipal des jeunes, leurs projets sont extraordinaires ! Le calendrier événementiel ne s’arrête jamais, les équipes municipales et les agents sont hyper impliqués. Un bilan n’est jamais assez satisfaisant, on aimerait en faire plus, mais il y a le temps de la politique, le côté administratif, et il est long.

Y a-t-il une touche féminine à votre mandat ?

Les gens autour de moi disent que ça se voit qu’il y a une femme à la tête de la ville, peut-être par l’aménagement des rues, j’ai besoin de fleurs, j’aime bien le rose, je veux du vert, voir de la vie, et échanger avec les gens !

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