lundi 10 mars 2025
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AccueilCHRONIQUESLes lectures d'IsaL’élu de Catherine Perreault

L’élu de Catherine Perreault

Il est des romans qui laissent une empreinte, non par ce qu’ils racontent, mais par ce qu’ils dévoilent en nous et qui dès les premières pages transpercent le coeur. L’Élu de Catherine Perreault est de ceux-là, parce qu’il ne se contente pas de dire l’amour maternel, il en fouille les abîmes et en révèle les failles et les vertiges.

Isabelle est mère. D’un amour qui ne connaît ni répit ni contours, d’un amour sans mode d’emploi, livré aux silences et aux tempêtes. Son fils, Éli, est autiste, retranché dans un monde où chaque son blesse, où chaque geste heurte, où la tendresse elle-même doit s’apprendre autrement. Alors Isabelle aime comme on veille, sans sommeil, sans filet, sans fin. Mais il arrive un moment où l’amour seul ne suffit plus. Où le corps s’épuise, où l’esprit vacille, où l’on se tient au bord d’un gouffre dont on ne sait s’il faut le redouter ou s’y abandonner. Isabelle doit lâcher prise, confier Éli à d’autres bras, se déposséder d’une partie d’elle-même sans cesser d’exister. Mais comment habiter le monde lorsque celui qu’on portait jour et nuit n’en est plus le centre ?

Catherine Perreault écrit au plus près de cette déchirure, avec une justesse qui coupe et éclaire tout à la fois. Son écriture n’effleure pas, elle creuse, dissèque et révèle un amour capable de défier le temps et de persister là où tout semble s’effondrer et cela, sans jamais tomber dans le pathos. On sort sonné par ce récit, dans lequel l’autrice donne voix à cet amour brut, incandescent, qui transcende autant qu’il dévore. Au-delà de l’autisme, c’est à l’essence même de la maternité, dans ce qu’elle a de plus viscéral, de plus absolu qu’il est question. À travers le combat d’Isabelle, c’est chaque mère qui se reconnaîtra, dans cet amour démesuré qui fait souvent vaciller. Car ce roman n’est pas seulement l’histoire d’un enfant différent, c’est le récit d’une passion maternelle sans limites, d’un amour infini, de ce don de soi qui transporte autant qu’il terrifie. Ce roman c’est le battement obstiné d’un amour qui résiste à tout, même à l’inéluctable. Un coup de poing émotionnel.

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