Après le lycée, vous avez décidé de dédier votre vie à la musique. Pourquoi ?
À cet âge-là, j’étais déjà un grand consommateur de musique. Je me suis très vite lancé dans l’apprentissage du piano et du saxophone. C’était évident que je devais me lancer dans les études correspondantes. Je n’étais pas forcément talentueux, je n’ai pas voyagé dans le cadre de mes études et je n’ai pas fait de recherche. J’avais peur de me retrouver au chômage si j’arrêtais d’étudier, donc j’ai continué. Je suis allé jusqu’au doctorat. Aujourd’hui, j’ai trente années de scène musicale derrière moi. J’ai joué dans de nombreux groupes.
Vous n’avez pas poursuivi dans cette voie, malgré vos longues années d’études. Pourquoi vous êtes-vous tourné vers la fonction publique ?
J’ai eu une occasion, je l’ai saisie. Ça m’a permis de découvrir plein d’emplois différents. En fait, je m’ennuie très rapidement, professionnellement parlant. La stabilité ne me correspond pas. Je suis très efficace, peu importe le travail qui m’est donné, mais pas trop longtemps. Avec du recul, je suis heureux d’avoir découvert ces différents emplois. Je peux dire que j’ai eu plusieurs vies. J’ai commencé dans l’Éducation nationale en tant que surveillant dans un lycée. Ensuite, je suis devenu professeur de musique, mais aussi d’espagnol. Plus tard, je me suis tourné vers l’animation jeunesse, pour laquelle j’ai beaucoup voyagé dans toute la France. Mon premier poste était à Vendenheim. En 2016, après avoir assez vadrouillé sur les bords de Loire, je suis rentré en Alsace. L’année suivante, j’ai commencé à travailler à l’Eurométropole, puis à la Ville de Barr, jusqu’en début d’année. J’étais manager du commerce et du centre-ville. Je suis allé jusqu’aux termes du contrat. Je me suis demandé une chose : ne serait-ce pas le bon moment pour expérimenter des choses ? Je me suis souvenu de ceux qui n’ont pas arrêté de me répéter que je devais monter sur scène, mais aussi de ceux qui me conseillaient de me lancer dans la formation, au vu de ma riche expérience. Je les ai écoutés. J’ai décidé de développer ces deux aspects. Dorénavant, je partage mon temps entre mon activité de conseiller-formateur en communication verbale, au sein de la société Le pitch français que j’ai fondé, et l’écriture de mon spectacle.
Quand et comment avez-vous développé un attrait pour la scène ?
J’ai joué pour différents groupes, ça m’a beaucoup plu. Je garde un bon souvenir de mes passages sur scène. Je m’en suis aussi rendu compte quand j’étais professeur de musique. Je prenais mes élèves comme un public, et non pas comme un déversoir à connaissances. J’étais plus présent pour les divertir que pour respecter le programme. J’ai toujours eu ce côté insolent. J’ai toujours eu besoin de parler, alors qu’à l’école, ce qui était important, c’était que je me taise.
Qu’est-ce que vous avez décidé de raconter dans ce spectacle ?
Je l’ai appelé Comment je ne suis pas devenu musicien. J’ai commencé à l’écrire fin 2023. Des proches m’ont aidé à lui donner vie. Ce n’est pas un concert, un one man show, un meeting, un afterwork ou encore une thérapie de groupe, mais une non-conférence musicale. Il y a un homme qui parle, moi, mon assistante Nadine Genevaux, un piano, un saxophone, un tambour, une flûte et même un djembé. Pendant 1h30, je retrace l’histoire de la musique, mais surtout de ma musique. Pourquoi un jeune gars de Montbéliard a décidé de se taper quinze années d’école de musique et de conservatoire, sept ans de fac, pour finalement tout lâcher, devenir fonctionnaire et faire du stand-up ? C’est un spectacle humoristique, mon but est de faire rire. Le texte est plein de sarcasmes et d’humour noir. Je ne crains pas de faire preuve d’autodérision.
« Pendant 1h30, je retrace l’histoire de la musique, mais surtout de ma musique »
Vous avez déjà pu le présenter au public. C’était comment ?
La première était à Barr en juillet. La salle était pleine. Près de 100 personnes étaient présentes. Ça s’est très bien déroulé, j’ai eu de très bons retours. La seconde était à Strasbourg, au Bateau du Rhin, en septembre. C’était un dîner-spectacle. Ce n’était pas simple de voler la vedette aux assiettes des spectateurs. Ça m’a perturbé, mais c’est le jeu, j’ai réussi à garder le fil et c’est l’essentiel. J’ai aussi eu de bons retours. Je le jouerai encore le 9 novembre à Andlau, à la salle Arthus, à partir de 20h30. Cette soirée sera organisée par l’école de musique EMA. L’entrée sera libre !
Vous vous appelez Alexandre Faivre mais vous avez choisi Monsieur Poivre comme pseudonyme. Pourquoi ?
C’est une longue histoire. Quand j’étais en études supérieures, je me suis inscrit à un cours en écrivant mon nom sur une feuille accrochée sur une porte. J’avais tellement mal écrit que lors de l’appel, mon professeur a appelé Monsieur Poivre. Je ne me suis pas senti visé. À l’issue de l’appel, il a demandé qui n’avait pas été appelé, j’ai levé la main et c’est de là que provient mon pseudonyme. Mes potes de l’époque ont commencé à me surnommer ainsi et c’est resté.