Comment vous êtes-vous retrouvé à Boersch, si loin de votre bassin potassique, où vous avez grandi ?
Après avoir rencontré ma femme, Frédérique, nous avons pris la décision de nous installer à Boersch, où sa famille réside. À 28 ans, j’ai commencé à m’immiscer dans le monde associatif. C’est une commune de 2 500 habitants qui est assez dynamique, malgré ses moyens limités.
Vous y avez débuté votre premier mandat de maire à 31 ans. Ce n’est pas fréquent. Qu’est-ce qui vous a motivé ?
Plus jeune, j’étais entouré par deux grands-pères aux personnalités fortes. Le maternel était adjoint au maire de la ville de Wittelsheim. L’autre, le paternel, était premier adjoint à Guebwiller, puis maire de la commune de Jungholtz. Il était en poste jusqu’à mes 14 ans. J’ai de très bons souvenirs de cette période. Il m’emmenait à la mairie, j’étais à ses côtés lors des événements… Ces expériences ont certainement déclenché chez moi un certain goût pour la vie publique. Quelques années après mon installation à Boersch, le maire Gérard Lehmann, qui était en poste depuis une trentaine d’années, a souhaité se représenter pour un sixième mandat. Autour de moi, beaucoup m’ont poussé à me lancer. Comme j’étais professeur, ils pensaient que j’avais le temps. Quel cliché ! (rires). Je les ai écoutés et j’ai conduit une liste. À 31 ans, en 2001, j’ai été élu. J’ai enchaîné quatre mandats.
Quel souvenir gardez-vous de ces vingt années ?
J’ai beaucoup appris durant ces années : la vie d’un conseil municipal, le budget, être à l’écoute de la population, porter des projets, constituer des équipes, etc. Sous mes différents mandats, l’école maternelle a été reconstruite, le périscolaire a été développé, le bâtiment de la mairie-école a été entièrement réhabilité, l’ancien presbytère a été transformé en maison des jeunes et de la culture (MJC) et un gymnase est sorti de terre. J’ai aussi conforté la vie associative, qui est essentielle pour ce type de village. Cependant, un de mes gros regrets a été de fermer l’école de Klingenthal. Ces vingt ans, je ne les ai pas vu passer.
Professionnellement parlant, vous avez choisi de devenir enseignant. Pourquoi ce choix ?
À l’adolescence, j’étais passionné par la lecture et par l’histoire, donc j’ai continué dans cette voie. En parallèle de mes études, chaque été, je dirigeais une colonie de vacances, j’adorais travailler avec les enfants. Une fois mes études terminées, je suis devenu enseignant en histoire-géographie, alors que je refusais l’idée de faire ce métier quand j’étais plus jeune. Mon premier poste était à Colmar. Après notre emménagement à Boersch, j’ai commencé à enseigner au collège Bugatti de Molsheim, en 1998, où je suis encore actuellement.
En 2008, vous avez été élu conseiller général, puis conseiller d’Alsace, après la création de la CeA, des postes que vous occupez toujours. Quels sont vos champs d’action ?
J’ai toujours été attiré par les politiques sociales, de solidarité, comme la protection de l’enfance, l’éducation, les handicaps, les personnes âgées ou encore le sport. En 2015, quand Frédéric Bierry a été élu président de la CeA, il m’a confié la commission de la protection de l’enfance, de la culture, de la jeunesse et de l’éducation. La gestion des 147 collèges alsaciens, qui représentent 80 % des bâtiments de la CeA, occupe une grande partie de mon temps. Le budget annuel alloué à ces établissements est de 180 millions d’euros. En plus de les gérer et de les mettre aux normes, nous travaillons activement à l’installation de panneaux photovoltaïques. Prochainement, je rencontrerai tous les principaux de collèges d’Alsace. Nous aborderons la politique éducative, la formation aux gestes qui sauvent, les outils contre le harcèlement scolaire… En parallèle, le bilinguisme est aussi un dossier important que m’a confié le président. Des financements destinés à encourager cet apprentissage ont été débloqués. C’est important que nos jeunes continuent à apprendre l’allemand. Ce sont nos voisins. Il y a des enjeux économiques, diplomatiques et même culturels. Si d’ici 2028 nous n’arrivons pas à inverser la courbe de la pratique de l’allemand dans la région, je le prendrai comme un échec, mais je continuerai à me battre.
Suppléant de Laurent Furst lors de son élection en tant que député en 2017, vous avez été contraint de prendre le relais en 2020, lorsqu’il a choisi de reprendre son rôle de maire de Molsheim. Vous avez vécu l’Assemblée nationale masquée, en pleine crise sanitaire… Vous y êtes presque allé à reculons, n’est-ce pas ?
J’étais loin d’imaginer que Laurent Furst arrêterait en cours de mandat. Je n’étais pas partant, effectivement. En pleine crise covid, toutes mes activités annexes se sont stoppées net. Autour de moi, on m’a poussé à le remplacer, donc je me suis lancé. Il ne me restait que deux ans de mandat. C’était très court. J’ai vécu deux années intenses à l’Assemblée nationale. Malheureusement, j’étais trop peu présent sur le terrain, en raison de l’épidémie. J’étais connu des citoyens autour de mon fief, mais trop peu dans la Vallée de la Bruche ou dans le secteur de Wasselonne. Affilié aux Républicains, je n’étais pas dans le bon parti politique lors des élections législatives de 2022. Si j’avais choisi de rallier la majorité présidentielle ou le Rassemblement national, j’aurais sûrement été réélu, mais je ne me voyais pas agir ainsi. Des dynamiques nationales m’ont été fatales. Après ma défaite, je suis retourné enseigner à Molsheim, tout en me concentrant sur mes attributions au sein de la CeA. J’ai un attachement viscéral à ma région : c’est ma priorité. Je garde espoir de voir un jour l’Alsace hors du Grand Est. Je continuerai à me battre auprès de Frédéric Bierry pour que la situation évolue.