Encore un nouveau coup de cœur de cette rentrée littéraire, j’ai refermé le livre KO. Rebecca Lighieri a encore frappé avec un texte vibrant, noir, dans lequel on se perd entre les frontières du réel et du surnaturel. Cette errance est très certainement la clé qui ouvre les portes d’un monde dont on ne pouvait s’imaginer la richesse et le foisonnement et dans ce qu’il vient questionner et mettre en lumière. Pas de panique, car la puissance de l’autrice est de ne jamais abandonner le lecteur en chemin, lui offrant de multiples itinéraires de lecture possibles et inattendus. Ce roman c’est l’histoire d’Armand et Birke couple de théâtreux bobos parisiens libérés qui jouissent éperdument de la vie. Miranda, leur fille unique, leur héroïne shakespearienne leur est opposée en tous points : enfant trop sage, adolescente effacée, elle est devenue une jeune femme terne, sans joie. Miranda, l’ombre au tableau, adulée par le père, mal aimée par la mère. Miranda donnant si peu à voir. Miranda qui se perd dans les affres de mondes obscurs. Miranda dont le destin s’est écrit une nuit de tempête. Qui est-elle au fond ?
Le roman se divise en trois parties. Armand prend la parole, l’homme bon vivant d’un naturel joyeux est dans l’incompréhension de sa fille, démuni. Vient ensuite le tour de Miranda qui nous propulse dans sa tête, et c’est vertigineux, tant l’autrice nous transporte dans un état de confusion entre rêve et réalité. Enfin, dans une dernière partie, Armand reprend la parole et ces dernières pages sont d’une intensité folle, magnifiquement tragiques. Il y a dans ce livre de quoi nourrir tant de questionnements sur ce qui fait lien avec nos enfants, sur nos attentes et nos considérations, sur ce qu’ils portent d’angoisse et de colère, sur notre impuissance aussi et surtout à les sauver parfois d’eux-mêmes. Un livre à la tonalité aussi tragique que majestueuse. Tout y est !