vendredi 3 mai 2024
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Myriam Del Vecchio – L’art du temporaire

Passionnée d’histoire, Myriam Del Vecchio a décidé d’y consacrer sa vie. Au début du millénaire, une annonce attire son attention et sa vie change à tout jamais, elle est engagée dès l’ouverture du musée l’Etappenstall à Erstein. Rencontre, 22 ans plus tard.

Pourquoi avoir choisi ce parcours d’études ?

J’ai toujours été intéressée par l’histoire. Je me souviens des sites patrimoniaux que j’allais visiter pendant les vacances avec mes parents. Dès le collège, l’histoire était la matière qui m’intéressait le plus. À la fac, il était logique que je continue dans cette voie. Je me suis lancée dans un double cursus universitaire d’histoire et d’histoire de l’art. En master, je me suis tournée vers la muséographie. Je ne savais pas ce que je voulais y faire, mais je voulais travailler dans les musées, c’était déjà une certitude. De plus, j’ai développé mon goût pour l’art très tôt, car quelques membres de ma famille maternelle étaient des artistes peintres.

Entre la fin de vos études et l’ouverture de l’Etappenstall, une bonne décennie est passée. Quelle a été votre première expérience ?

Après le master, j’ai commencé à travailler pour l’association des musées des sciences de Strasbourg, qui s’appelle maintenant l’asso-ciation de muséographie scie-ntifique. L’idée était de créer une interaction entre les scientifiques, qui avaient du mal à vulgariser leurs recherches, et le grand public. Avec « Manips, la science en jeu », nous avons été les premiers instigateurs des dispositifs interactifs, qui font maintenant le grand succès du Vaisseau de Strasbourg. L’exposition a tourné dans toute la région, en rencontrant beaucoup de succès. À côté de ça, je participais aussi à une opération de conservation des collections de l’Université de Strasbourg. J’ai œuvré à ces activités pendant plus de 10 ans. Je travaillais beaucoup hors les murs, je n’avais pas de bureau fixe.

Après cette décennie, dès 2002, vous avez fortement contribué à la création du Musée de l’Etappenstall à Erstein. À quoi ressemblaient vos débuts ?

Un jour, une annonce d’emploi publiée par la ville d’Erstein a capté toute mon attention. À l’occasion de la création d’un musée, cette dernière cherchait quelqu’un pour tout gérer. C’était le poste rêvé pour moi, donc j’ai postulé. J’ai eu la chance d’être retenue. Je suis là depuis l’ouverture du musée en septembre 2002, à l’occasion des Journées du patrimoine. Dès le début, le musée était organisé en un lieu d’exposition, avec une partie plus artistique au rez-de-chaussée, et une partie plus patrimoniale à l’étage. De plus, la rotation n’était pas la même. Si les expositions de la patrimoniale duraient 3 ans, les artistiques changeaient tous les mois. Il arrivait que les visiteurs aient du mal à suivre ce rythme. Nous nous sommes donc orientés vers un schéma plus unitaire. Nous avons développé une programmation unissant les deux niveaux du musée. L’Etappenstall a une particularité notable qui nous distingue des autres musées : nous ne proposons que des expositions temporaires, valorisant le patrimoine local, explorant des disciplines artistiques ou des sujets de société via des dispositifs interactifs.

L’exposition « Les envies de Cendrillon » est accessible jusqu’au 21 avril. / ©ld
En prenant la tête de l’Etappenstall, l’histoire vous a rattrapé…

Effectivement. Par le passé, sous le règne de Louis XIV et lors du rattachement de l’Alsace à la France, l’Etappenstall était un relais militaire. Entre Strasbourg et Sélestat, Erstein était un véritable point de passage. Pendant que les soldats se reposaient chez l’habitant, leurs chevaux, eux, étaient gardés au rez-de-chaussée de l’Etappenstall. Un premier bâtiment, construit en 1683, a été démoli. C’est l’architecte de l’arrondissement de Sélestat, Antoine Ringeisen, connu dans le secteur, qui l’a reconstruit des années plus tard. À travers les siècles, l’Etappenstall a perdu son rôle militaire, en devenant une remise communale, mais aussi un lieu de culte, pendant les travaux de l’église Saint-Martin, avant de tomber dans l’oubli et l’abandon. Ce n’est qu’à l’aube des années 2000 que la municipalité a souhaité le transformer en un lieu culturel de 250 mètres carrés de volumes ouverts et lumineux sur deux niveaux. Selon moi, c’était important d’installer le musée dans un bâtiment vecteur de sens et chargé d’histoire, pour intégrer au mieux cette dynamique patrimoniale. J’ai ce lieu dans mon cœur. Il y a toujours quelque chose de neuf et il peut plaire à tout le monde. Au-delà des expositions, il y règne une véritable ambiance.

Que peut-on dire de l’affluence de l’année passée ?

Avant le Covid, nous accueillions près de 6 000 visiteurs tout au long d’une saison culturelle. Pendant notre fermeture, beaucoup ont pris d’autres habitudes. La saison dernière, ils étaient un peu plus de 4 000. Le public est assez varié. Si la majorité est originaire des environs, nous avons tout de même des visiteurs de tout le département. Nous cherchons à toucher davantage les Haut-Rhinois.

De nombreuses expériences artistiques ont été menées pour l’exposition. / ©ld
À Erstein, la saison culturelle « En route » bat son plein. Comment se traduit-elle à l’Etappenstall ?

Avec cette thématique, l’idée est d’emmener les locaux sur les routes de découvertes artistiques et culturelles, afin qu’ils cheminent à travers des arts visuels. Pour constituer nos expositions, soit les artistes nous contactent pour nous faire leurs propositions, soit nous allons les chercher. Actuellement, le musée accueille l’exposition Les envies de Cendrillon, réalisée par un collectif d’artistes franco-allemands. Son sujet, la chaussure, est facile d’accès pour tout le monde. Des objets, des photographies, des installations, des collages et même un film sont exposés dans nos murs. L’art, ce n’est pas que du beau, ça doit aussi interpeller et faire réagir. Cette exposition reste accessible jusqu’au 21 avril.

Quels sont les prochains rendez-vous ?

Du 12 mai au 9 juin, nous accueillerons une double exposition. Celle-ci réunira des œuvres d’une artiste sculptrice ersteinoises, Emmanuelle Hebting, et des clichés du photographe plasticien Carlo Ruggeri. Tous deux donnent vie à des escapades originales. Ce sont deux profils qui s’associent à merveille. Le 18 mai, nous organiserons la traditionnelle Nuit des musées. Enfin, les 14, 16, 21 et 23 juin, la saison culturelle touchera à sa fin avec l’exposition Focus. Elle rassemblera des photographies de plusieurs membres du Photo club du Ried.


 

L’info en plus

Le musée est ouvert de 14h à 18h tous les jours sauf le mardi, le samedi et les jours fériés. L’entrée est libre. Certains ateliers, visites commentées ou autres animations peuvent faire l’objet d’une tarification.

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